The Reckoning : La grande noirceur
Cinéma

The Reckoning : La grande noirceur

C’est avec trois ans de retard que The Reckoning, adaptation du roman Morality Play de Barry Unsworth, arrive sur nos écrans. Mauvaise surprise à l’horizon? Pas du tout, car cette réalisation de Paul McGuigan, qui a flirté avec succès avec l’univers d’Irvine Welsh (The Acid House) et le film de gangsters à l’anglaise (Gangster No. 1), vaut le détour. Ne serait-ce que pour nous changer des petits thrillers à numéros que l’on nous assène presque chaque semaine.

Dans l’Angleterre du XIVe siècle, Nicholas (Paul Bettany), un jeune prêtre chassé de son monastère pour adultère, joint une troupe de comédiens itinérants. S’arrêtant dans un village, les artistes apprennent qu’une sorcière simple d’esprit sera pendue pour le meurtre d’un jeune garçon. Las de mettre en scène des mystères et autres paraboles religieuses, le directeur de la troupe (Willem Dafoe, dont l’accent laisse à désirer) décide alors de monter une pièce en s’inspirant de ce fait divers, histoire de faire régner la vérité.

Après une longue mais superficielle illustration du théâtre au Moyen Âge, s’ensuit donc une histoire de détectives à la sauce médiévale. Toutefois, malgré la complexité du récit, ne vous attendez pas à rester cloué sur votre siège. En effet, par sa lenteur, The Reckoning ne possède rien des rebondissements, du climat mystérieux et du rythme soutenu du film d’Annaud, The Name of the Rose. Blâmons la mise en scène trop lourde et le manque de fluidité du scénario.

D’une esthétique plus noire que celle d’un Bruegel l’Ancien, The Reckoning présente de façon très conventionnelle et plutôt économique le Moyen Âge tel que l’on se plaît à l’imaginer: sombre, très sombre. Se succèdent ainsi les gros plans qui mettent l’accent sur l’aspect grotesque des figurants et les plans extérieurs, faute de décors à exhiber. Au milieu de la laideur et des éléments sordides, brillent le visage angélique de Bettany et la beauté héraldique de la discrète Gina McKee, incarnant la seule femme de la troupe. Palliant la torpeur qui se dégage trop souvent de l’ensemble, arrive à point la truculence de Brian Cox. Et en aristocrate décadent, le sous-utilisé Vincent Cassel vient promener sa sale gueule. Dommage qu’en misant sur l’atmosphère, le réalisateur ait noyé son sujet, de prime abord passionnant. Armez-vous de patience ou lisez le livre.

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