Dracula Pages from a Virgin’s Diary : L’image dans le sang
Avec Dracula: Pages from a Virgin’s Diary, Guy Maddin réinvente littéralement l’art de la captation en faisant du spectacle du Royal Winnipeg Ballet, qui avait d’ailleurs été présenté à Québec il y a quelques années, une œuvre cinématographique à part entière. Ce film, d’abord tourné pour la télévision et encore inédit ici, a en fait tant séduit les foules lors de sa tournée des festivals qu’il a ensuite été présenté en salles aux États-Unis. Il faut dire que son audace et son esthétique remarquable en font une pièce de choix, alors qu’on y raconte l’histoire du roman de Bram Stoker dans le style expressionniste du Nosferatu de Murnau et au gré de la musique magistrale de Malher. Ce faisant, celui que certains appellent le David Lynch canadien exploite au maximum les moindres ressources du langage filmique, multipliant les effets visuels et créant une véritable chorégraphie de l’image, à laquelle se marie harmonieusement celle des corps, dont les gestes teintent l’ensemble de grâce et de sensualité, tandis qu’expressions, maquillages et mise en scène en rehaussent l’aspect dramatique, non sans une touche d’affectueuse moquerie à l’endroit du cinéma muet et de série B. (J. Ouellet)