Führer Ex : Derrière le mur
L’ex-République démocratique allemande est source d’inspiration par les temps qui courent. Le réalisateur Wolfgang Becker nous aura émus avec sa tendre comédie Goodbye, Lenin!, tandis que Winfried Bonengel arpente des avenues plus sombres dans son film Führer Ex (sélection officielle à la Mostra de Venise). Inspirée d’une histoire vraie, cette adaptation d’un livre d’Ingo Hasselbach dresse le portrait plus ou moins convaincant d’une jeunesse allemande qui, mise à mal par la vie, se fait entraîner dans un groupe néonazi.
Avril 1986. Heiko (Christian Blümel) et Tommy (Aaron Hildebrand), deux adolescents difficiles, sont les meilleurs amis du monde. Ils ont grandi en Allemagne de l’Est et rêvent de fuir vers cet ailleurs que le régime communiste leur interdit. Engoncés dans une réalité étouffante, ils décident de franchir le mur qui les sépare de la liberté. Mais les deux téméraires ne sont guère préparés à affronter la marée de gardes frontaliers. Ils sont alors arrêtés et mis derrière les verrous. Là, ils vivent une descente aux enfers. Tommy se lie peu à peu à un groupe de fascistes qui le protège tandis que Heiko, adolescent au caractère plus fragile, a peine à survivre dans cette jungle carcérale où règne la loi du plus fort. Le plus malin des deux, Tommy réussit à s’évader et laisse derrière lui son ami qui sortira de prison après la chute du mur de Berlin, plus endoctriné que jamais par de virulentes thèses néonazies. Dans une Allemagne réunifiée à l’équilibre précaire, il faudra alors choisir entre idéologie extrémiste et amitié…
Nourri de l’expérience de vie d’Ingo Hasselbach, ancien néonazi avec qui il a co-écrit le scénario, Winfried Bonengel aura voulu raconter comment de jeunes adolescents meurtris, désarçonnés, peuvent être séduits et embrigadés par des groupes extrémistes. Une problématique grave que le réalisateur connaît bien, puisqu’il a également signé Profession: néonazi, un documentaire portant sur le sujet.
Führer Ex ne fait pas dans le bon sentiment. Les faits sont relatés avec violence, brutalité. Abus de confiance, viols à répétition en prison, bagarres sanglantes, suicides… Loin de nous l’idée de remettre en question le parcours cauchemardesque de ces adolescents. Mais le film a tendance à se perdre dans les méandres d’une tension dramatique excessive, à verser dans l’outrance, surtout vers la fin.
Malgré la noire crise morale qu’ils traversent, les deux jeunes acteurs ont pourtant relevé le pari difficile de rendre leurs personnages attachants. Leur évolution psychologique est cependant trop hachée pour qu’on adhère à l’ensemble. S’il faut reconnaître au réalisateur le mérite de lever le voile sur une réalité douloureuse, la manière de faire est trop forcée pour réussir à nous entraîner vraiment.
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