Rétrospective Victor Sjöström : Aux origines du cinéma suédois
Cinéma

Rétrospective Victor Sjöström : Aux origines du cinéma suédois

Avec D.W. Griffith et S.M. Eisenstein, Victor Sjöström est considéré, à juste titre, comme l’un des piliers du cinéma muet. Homme de théâtre de talent, Sjöström ne connaissait rien au cinéma lorsqu’on lui offrit, en 1912, le poste de directeur général de la Svenska, nouvelle compagnie de cinéma de Charles Magnusson. Pourtant, aux côtés de Mauritz Stiller, Henrik et Julius Jaenzon, Sjöström donna au cinéma suédois ses lettres de noblesse grâce à la plastique de ses images, la force de sa narration et sa subtile direction d’acteurs. Malheureusement, le génie de Sjöstrom reste méconnu du grand public puisque plusieurs de ses films ont disparu, tel Divine Woman (1928) avec Greta Garbo, dont il ne reste que quelques fragments, et que peu de rétrospectives lui ont été consacrées.

Du 31 mars au 16 avril, la Cinémathèque québécoise présente 21 films de ce grand pionnier du cinéma réalisés entre 1912 et 1928, dont 12 seront accompagnés par Gabriel Thibaudeau et François Bourassa, talentueux pianistes bien connus des habitués de la Cinémathèque; pour sa part, André Théberge lira en français les films ayant des intertitres en suédois. Au programme, se retrouvent les œuvres suédoises et américaines du prolifique Sjöström qui, en 1917, alors qu’il tourne son premier grand film Terje Vigen, récit d’un pauvre pêcheur, a déjà une trentaine de films à son actif, dont plusieurs comédies et mélodrames. De la première époque, on pourra découvrir Les Proscrits (1918), magnifique et puissant roman d’amour à caractère social que Delluc qualifia de plus beau film du monde, La Voix des ancêtres et La Charrette fantôme, deux œuvres incontournables.

De 1923 à 1930, Sjöström tourne aux États-Unis sous le nom de Seastrom. Parmi les œuvres présentées, mentionnons La Lettre écarlate, adaptation grandiose du roman de Hawthorne, et Le Vent, romance campée dans une Amérique de sable et de poussière, tous deux mettant en vedette l’actrice fétiche de Griffith, Lilian Gish, ainsi que He Who Gets Slapped, mélodrame rappelant L’Ange bleu avec Lon Chaney et Norma Shearer. Malgré la splendeur de ses œuvres, Sjöström connaît peu de succès et retourne en Suède où il vivra avec difficulté l’arrivée du parlant. En 1958, Ingmar Bergman rend un ultime hommage à son maître en lui confiant le rôle du professeur dans Les Fraises sauvages. Sjöström mourra deux ans plus tard à 80 ans.