Dans une galaxie près de chez vous : Sept zigotos en quête d’une planète
Pendant cinq ans, sur les ondes de VRAK.TV (autrefois Canal Famille), Dans une galaxie près de chez vous a fait le bonheur des adolescents et, graduellement, des enfants et des adultes. Sur Internet, on ne compte plus le nombre de sites consacrés à cette série-culte. Peu avant la sortie du film de CLAUDE DESROSIERS, écrit par CLAUDE LEGAULT et PIERRE-YVES BERNARD, les sept acteurs se retrouvent plongés au cœur de la galaxiemanie. Entretien avec quelques membres du Romano Fafard.
En 2034, au moment où la couche d’ozone a été détruite par le gaz carbonique dégagé par les automobiles, par l’industrie chimique et par le poush-poush en cacane (sic), l’équipage du Romano Fafard tentait désespérément de trouver une nouvelle planète où les six milliards de tatas (resic) constituant la race humaine pourraient emménager. Cinq ans plus tard, le valeureux capitaine Charles Patenaaaaude (Guy Jodoin), l’homme aux calembours vaseux, se demande si l’humanité vaut vraiment la peine d’être sauvée.
Vers de nouvelles frontières
Comédie de science-fiction à caractère social carburant à l’absurde, Dans une galaxie près de chez vous a germé dans l’esprit de Claude Legault alors qu’il avait à peine huit ans, soit à l’époque où il écoutait Star Trek et La Ribouldingue. En 1997, VRAK.TV propose à Legault et à Pierre-Yves Bernard, qui ont essuyé deux refus, d’adapter leur série pour les adolescents. Mais pour Claude Legault, homme de convictions ne mâchant pas ses mots – il avait démissionné du National d’impro Juste pour rire à la suite de l’embauche de Micheline Charest par Gilbert Rozon -, pas question de se plier à la censure et à des conventions qu’il jugeait ridicules, comme jouer en français international et recourir à des rires pré-enregistrés. Il a même dû se battre contre ce qu’il qualifie d’hypocrisie de salon pour faire accepter que l’épais de service, Bob Robert Dieudonné Marcellin (Didier Lucien), soit incarné par un Noir.
L’interprète du courageux Flavien Bouchard explique: "Je ne voulais pas faire une émission asexuée, bêtement éducative, j’haïs ça! Je ne suis pas un pédagogue, je suis un auteur! Les ados ont l’esprit encore plus ouvert que nous; ils sont vraiment à l’affût de ce qui se passe, ce sont aussi des éponges à émotion. Ils craignent l’avenir, mais ils aiment rire et être renseignés. D’ailleurs, ils captent très bien l’esprit alarmiste de la série, ils sont très conscients de tout cela. Ils ont également envie de naviguer avec nous, comme moi, j’avais envie de naviguer avec l’équipage de Star Trek. Je crois que les jeunes apprécient beaucoup notre humour "galactique", mais surtout l’humanité qui se dégage de la série et l’amitié qui règne entre les personnages."
Exit les Trekkies, place aux Duggies!
Après quatre ans de succès à la télévision, les auteurs décident de faire un film. Que les puristes se rassurent! Le passage d’un médium à l’autre n’a dénaturé en rien l’esprit joyeusement débridé de la série que réalisait Pierre Théorêt, qui a dû passer le flambeau à Claude Desrosiers, reconnu pour son travail avec Les Éternels Pigistes. Entre deux répliques complètement déjantées, se faufilent toujours quelques messages à caractère social. Au passage, Legault et Bernard écorchent la race humaine en dénonçant le culte insensé qu’elle voue à la beauté – "En tant que mère de trois petites filles, c’est mon plus beau message du film", avoue Mélanie Maynard, qui incarne la tomboy fatale Pétrolia Stanislavski -, son inconscience face à la détérioration de la vie sur terre et, surtout, son esprit barbare. Malgré quelques digressions loufoques, l’action s’avère assez bien ficelée. Sortant de leur studio de télé, les comédiens s’éclatent enfin au grand air sur une musique de Michel Cusson qui s’inspire de Planet Claire des B-52’s, leur chanson fétiche. Même si on sort du cadre restreint de la télé, on reconnaît avec plaisir l’esthétique mi-futuriste, mi-artisanale qui fait tout le charme de la série originale, mais surtout la conviction profonde avec laquelle ces improvisateurs aguerris incarnent leurs personnages plus gros que nature.
À ce propos, le volubile et passionné Guy Jodoin confie: "C’est une grande tragédie! Nous devons sauver l’humanité, ce ne sont pas des émotions que nous vivons dans la vie, il faut donc croire encore davantage à ce que nous jouons. En tournant à l’extérieur, nous avions moins à jouer qu’à la télé, nous avions plus à vivre, à nous laisser envoûter par tout ce qui nous entourait. Comme nous ne possédions pas nos personnages pour le cinéma, Claude Desrosiers nous a demandé de prendre plus d’espace, de temps, de ne pas faire d’effets gratuits. Et nous l’avons écouté, parce qu’autant nous sommes très délinquants, autant nous pouvons être très méthodiques." Mélanie Maynard va dans le même sens: "Avec Pierre Théorêt, nous aurions eu tendance à reprendre ce que nous faisions à la télé, alors que Claude nous a vraiment emmenés ailleurs. C’est donc grâce à lui si le film est aussi cave que la série, tout en étant plus sérieux, plus vrai, les émotions étant plus fortes."
Complètement dépassés par le culte dont ils sont devenus l’objet aux yeux des Duggies (fans de Dans une galaxie…) – Guy Jodoin se fait souvent demander de distribuer des coups sur l’épaule en disant "Non, Brad!" tel qu’il le fait à l’infâme Brad Spitfire (Stéphane Crête), et Réal Bossé (l’androïde Serge 3,4,5,6,7,8) a cru être devenu Ringo Starr devant une foule hystérique lors d’un passage remarqué à la télé -, les acteurs rêvent tout de même d’une trilogie: "Ma seule préoccupation, c’est d’être trop vieille un jour, raconte Sylvie Moreau, alias Valence Leclerc, la psychologue aux mille et une coiffures, mais c’est vraiment dans mes priorités, car ça réunit tout ce que j’aime de mon métier: l’amitié, l’accomplissement, le plaisir, c’est assez total comme expérience! Aussi, ça communique beaucoup de valeurs qui me sont chères. C’est formidable d’être dans une série qui forge l’imaginaire et la conscience des jeunes. Nous avons fait le film extrêmement sérieusement parce que nous sommes tous engagés, nous voulons être porteurs de ces valeurs; et ce que nous aimons des textes, ce sont leurs différents degrés de communication et leur humanisme. Dans une galaxie… nous permet donc de lâcher notre fou dans un contexte qui possède une certaine profondeur." À n’en point douter, cet irrésistible délire cosmique ravira tant l’inculte – s’il en reste! – que le fin connaisseur. Mmmission: accomplie!