L'Espérance : Le Survenant
Cinéma

L’Espérance : Le Survenant

Un mystérieux étranger, Jules Marin (Patrick Labbé), s’installe à L’Espérance, petit village peuplé de vieillards, de veuves et d’orphelins. En peu de temps, il séduit les villageois, mais lorsqu’il s’intéresse trop au drame ayant frappé le voisinage (tous les hommes du patelin ont péri dans la mine une quinzaine d’années auparavant), tous ne tardent pas à se méfier de leur hôte qui ne cesse de prolonger son séjour.

Écrit par Bernadette Gogula, aussi monteuse et productrice, et Stefan Pleszczynski, qui produit et réalise, L’Espérance puise dans la mythologie grecque, tel le monde souterrain des Enfers, et le folklore québécois, notamment le récit de Rose Latulippe, tout en demeurant d’actualité (village en voie de disparition, L’Espérance n’offrant aucun avenir aux jeunes). Est-ce le mélange des genres qui vous attirait dans ce film? "Il y a quelque chose de Chocolat et du Survenant dans L’Espérance, explique Isabel Richer. Par exemple, les personnages de Chocolat ne sont pas super-réalistes, ce sont davantage des archétypes, et c’est ce que j’aimais aussi dans L’Espérance, cet effet de fresque. Souvent, en lisant des scénarios, on se rend compte que seulement deux personnages sont bien définis, alors que les autres ne font partie que du paysage. Également, la façon qu’a cet étranger de bouleverser la vie de chacun de façon différente me plaisait; je trouvais qu’il y avait de la poésie là-dedans."

Ainsi, dans le village, Jules croisera des personnages qui donneront une malheureuse impression de déjà-vu: en vrac, on y retrouve deux vieux compères (Marc Legault et Pierre Colin), l’idiot du village (Maxime Gaudette), une maîtresse d’école frivole (Nathalie Coupal) et une belle ténébreuse inaccessible (Isabel Richer). Corinne est un personnage tout en retenue, est-ce un beau défi pour une actrice de tenir ce genre de rôle? "Oui, de répondre la comédienne qui rêve aussi de jouer la comédie, parce que je ne voulais pas faire de Corinne une femme qui est morte à la disparition de son mari, mais quelqu’un qui s’est mis en veilleuse. Donc, c’est l’intériorité que je devais travailler. Mais si ça ne passe pas, c’est plate en maudit! Corinne a coupé le contact avec tous, elle n’a pas d’effusion avec son fils (Maxime Dumontier) et sa mère (France Arbour) au fond. C’est Jules, en fait, qui trouvera le bon piton pour la remettre à on!"

Rien à redire des interprètes des rôles secondaires. Toutefois, hormis Isabel Richer qui offre un jeu nuancé, on ne donne pas dans la subtilité du côté des comédiens principaux. Patrick Labbé a la fâcheuse tendance à surjouer la carte du mystère; quant à l’interprétation des jeunes acteurs, Maxime Dumontier et Esther Gaudette, elle se révèle forcée et agaçante. Et pourtant, ce n’est rien en comparaison du scénario truffé de failles – à moins qu’il ne s’agisse d’ellipses maladroites -, sans réelle tension, et dont le dénouement bâclé n’amènera aucune surprise. Demeurent alors les cartes postales: à l’instar des mini-séries auxquelles il a collaboré, dont L’Ombre de l’épervier, le réalisateur met l’accent sur la beauté des paysages sauvages et du village pittoresque.

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