The Ladykillers : En avant la musique!
Cinéma

The Ladykillers : En avant la musique!

Même lorsqu’ils n’offrent pas des films de la trempe de The Man Who Wasn’t There, bijou de film noir, ou de Fargo, interprétation délirante d’un simple fait divers, les frères ETHAN et JOEL COHEN déçoivent rarement leurs fans – passons sous silence Intolerable CrueltyThe Ladykillers ne fait pas exception.

Remake du classique d’Alexander Mackendrick (Sweet Smell of Success, The Man in the White SuitL’Homme au complet blanc) de 1955, parodie de film noir à l’humour macabre mettant en vedette Alec Guinness, Peter Sellers, Herbert Lom et la toute frêle Katie Johnson, The Ladykillers n’est certes pas du grand Coen, mais il vaut toutefois le détour.

Goldthwait Higginson Dorr (savoureux Tom Hanks), professeur de grec et de latin, loue une chambre chez Marva Munson (irrésistible Irma P. Hall), veuve baptiste sans reproche, sous prétexte de pouvoir pratiquer avec son groupe de musique religieuse. En réalité, l’homme maniéré au langage châtié est le cerveau d’une bande de cambrioleurs qui ont planifié de s’emparer de l’argent d’un casino en creusant un tunnel dans le sous-sol de la pieuse dame. Découvrant les manigances du quintette, cette dernière menace de les dénoncer à la police; Goldthwait ne voit alors d’autre solution que de se débarrasser de la coriace logeuse.

Transportant l’action de Londres au Mississippi d’O Brother, Where Art Thou?, les Coen actualisent le récit original tout en lui conférant un charme suranné par le biais du personnage tenu par Tom Hanks, qui reprend avec panache le rôle de Guinness. Mais alors que l’action se déroulait rondement dans la version de Mackendrick, chez les Coen, on se complaît à présenter les personnages, lesquels se révèlent fortement typés. Résultat: nous piaffons d’impatience dans un premier temps avant de nous éclater pleinement en seconde partie devant l’avalanche de gags hilarants servis avec toute l’inventivité des inspirés frangins. Et pourtant…

Que dire de ces cinq personnages disparates? Plutôt discrets chez Mackendrick, où Sellers et Lom se démarquaient tout de même aux côtés du suave Alec Guinness, ces derniers deviennent sous la plume des Coen des pantins très bavards, pour ne pas dire criards. Pas de doute, ils ont misé sur les écarts de langage pour faire passer le récit de cette comédie classique, laquelle, avouons-le au risque de choquer les puristes, a pris plus que sa part de rides. C’est ainsi qu’aux côtés d’un footballeur idiot s’exprimant difficilement (Ryan Hurst) et d’un expert en logistique peu loquace (Tzi Ma) se déchaînent un spécialiste en explosifs aux discours insensés (J.K. Simmons) et un employé du casino au langage ordurier (Marlon Wayans), alors que le professeur tente d’en mettre plein la vue à tous en citant Edgar Allan Poe à tort et à travers. Fausse note dans cette distribution jouant au diapason: un Marlon Wayans aux allures de rapper jouant dans le même registre que dans Scary Movie. Pour sa part, Irma P. Hall, incarnant avec un bel aplomb cette femme dévote moins innocente qu’elle n’y paraît, s’avère un substitut surprenant mais non moins attachant à la gracieuse dame anglaise qu’incarnait Katie Johnson. Un Coen mineur, mais drôlement jouissif.

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