Pendant que court l'assassin : Rompre la loi du silence
Cinéma

Pendant que court l’assassin : Rompre la loi du silence

Magnus Isaacson est indéniablement un documentariste de l’humain et de la politique dans toute leur sensibilité et leur complexité. Après des films qui traitaient d’enjeux sociaux comme Un syndicat avec ça?, Opération Salami – Les profits ou la vie ou Vue du Sommet, il nous offre une fois de plus un film qui touche et qui questionne.

Est-il possible que des personnes ayant perdu des proches ou ayant elles-mêmes été directement victimes des luttes que se livrent les bandes du crime organisé soient pratiquement laissées à elles-mêmes, sans soutien? Pendant deux ans, Isaacson a suivi les membres du RIVCO, c’est-à-dire le Regroupement d’innocentes victimes du crime organisé. Celui-ci rassemble des gens comme le journaliste Robert Monastesse, rescapé d’une tentative de meurtre parce qu’il fouinait un peu trop dans les affaires des motards, ainsi que Michelle Laforest et Josée-Anne Desrochers, dont les fils sont morts sans raison. Coincés dans des dédales administratifs et juridiques, ils ont d’abord mené leurs batailles en solitaires afin d’obtenir des compensations, de l’aide psychologique, de la sécurité… sans grand succès. Par exemple, des parents doivent payer de leurs poches un congé forcé pour prendre soin de leur fils littéralement scié en deux par de jeunes criminels. Afin de combattre de telles aberrations, ils décidèrent de s’unir et de faire valoir leurs droits, pour le meilleur et pour le pire…

Le film est empreint d’un grand humanisme et fait de façon soignée, mais de facture plus télévisuelle que cinématographique. Il critique un système inadéquat et écorche au passage les médias. Alors que des images récurrentes provenant de journaux télévisés nous laissent voir pratiquement chacune des victimes quitter les lieux du crime sur une civière, aucun journaliste ne se déplace pour assister à une conférence de presse organisée par le RIVCO. Quand il n’y a plus de sang… il reste malheureusement des cicatrices bien difficiles à effacer.

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