Rétrospective Victor Erice : Notes Cinéma
Trois décennies, trois œuvres. La filmographie du cinéaste espagnol Victor Erice paraît bien pauvre; cependant, ses films font montre d’une grande richesse, tant au niveau visuel, chaque plan étant composé avec une minutie remarquable, que psychologique. Ainsi, dans ses deux premières œuvres, Erice se fait l’observateur sensible des tourments de l’enfance, tout en offrant en filigrane le portrait d’une Espagne ravagée par la sanglante guerre civile. Campé en 1940 dans un village paisible de Castille, L’Esprit de la ruche (El Espiritu de la colmena, 1973) met en scène une fillette (la sublime petite Ana Torrent de Cria Cuervos de Carlos Saura) qui, bouleversée par le Frankenstein de James Whale, saisira peu à peu l’essence de la vie et de ses mystères. Autre film magnifique sur la perte de l’innocence, Le Sud (El Sur, 1983) raconte les tribulations d’une fillette de huit ans qui cherche à comprendre pourquoi son père (Omero Antonutti), épris d’une actrice de cinéma (Aurore Clément), fuit constamment vers le Sud de l’Espagne. Parvenue à l’adolescence, elle voudra enfin connaître ce Sud longuement imaginé lors d’une inoubliable scène où elle et son père entendent une chanson leur rappelant l’époque où ils étaient complices. Enfin, dans Le Songe de la lumière (Sol del Membrillo, 1992), Erice propose une bouleversante réflexion sur l’art et la fuite du temps par le biais d’un peintre, Antonio Lopez, qui tente vainement d’immortaliser avec précision l’image d’un cognassier. Trois films rares à voir absolument, en version originale avec sous-titres français, à la Cinémathèque, du 17 au 25 avril. www.cinematheque.qc.ca.