L'Homme en feu : Justice barbare
Cinéma

L’Homme en feu : Justice barbare

Denzel Washington

n’a pas toujours le nez pour choisir ses scénarios… Rappelez-vous le ridicule John Q. de Nick Cassavetes où il personnifiait un père de famille désespéré qui prenait les patients d’un hôpital en otage afin que l’on soigne son fils. Cette fois, c’est dans la peau d’un ancien assassin de la CIA alcoolique et dépressif que l’acteur oscarisé pour son rôle de policier corrompu dans Training Day a choisi d’exploiter son petit côté extrême.

Traîné à Mexico par un ami (Christopher Walken), John Creasy (Washington) est engagé par un riche industriel mexicain (le chanteur Marc Anthony) et sa femme américaine (Radha Mitchell) comme garde du corps de leur fille Pita (Dakota Fanning). Évidemment, l’homme succombera peu à peu au charme de la blondinette; s’ensuivent alors de longues scènes exploitant l’amitié naissante entre ces deux êtres si différents. Mais dans l’univers glauque du romancier A.J. Quinnell, tout le monde, à l’exception des Américains, d’un policier italien (Giancarlo Giannini) et d’une poignée de Mexicains, est affreux, sale et méchant. Ainsi, la fillette devient l’une des nombreuses victimes de la vague d’enlèvements d’enfants qui sévit dans la ville. Et lorsque la tentative de sauver Pita échoue, Creasy pète les plombs et jure de se venger. S’ouvre donc une haletante chasse aux criminels qui n’auront pas le temps de s’expliquer devant dame Justice. Et vlan dans les dents de la moralité! Washington voudrait-il suivre les traces d’un Bruce Willis ou d’un Arnold Schwarzenegger?

Les Américains semblent friands des films violents exploitant bêtement la loi du talion. Difficile de ne pas imaginer leur plaisir de voir le beau Denzel – affichant pendant plus de deux heures le même air renfrogné – faire sa propre justice l’arme au poing. Plus difficile cependant de laisser sa morale au vestiaire et de ne pas grincer des dents devant cet exercice de style bruyant de Tony Scott (Crimson Tide, Enemy of the State) qui multiplie les effets de caméra pour nous en mettre plein la vue. Toutefois, même si les images aux couleurs sombres et saturées ainsi que le montage nerveux suffisent à créer une atmosphère paranoïaque et ainsi nous étourdir, rien ne parviendra jamais à nous faire oublier la minceur du propos et, plus encore, la xénophobie latente qui s’en dégage.

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