Intermission : Dublinois
Cinéma

Intermission : Dublinois

À des lieues de la guimauve dégoulinante de Love Actually, film choral mettant en vedette presque tout le gratin artistique britannique, la comédie romantique Intermission propose un chassé-croisé amoureux explosif où romance rime avec violence et où les cœurs brisés rivalisent en nombre avec les gueules cassées. Et pourtant, ça finit bien! Un peu trop même, quand on pense à tout ce que devront traverser les 54 personnages pour en arriver là… M’enfin, ne boudons pas notre bon plaisir puisque ce film tourné en vidéo numérique s’avère riche en gouaillerie bien irlandaise. Sans oublier un humour aussi noir et savoureux qu’une Guinness dont se délectent les protagonistes au pub du quartier, endroit par excellence pour tisser des liens – et prétexte idéal qu’utilise le gars des vues pour nous faire passer le caractère par moments forcé de certains hasards ou coïncidences.

Écrit par le dramaturge Mark O’Rowe et réalisé par le metteur en scène de théâtre John Crowley, qui réussissent avec panache – malgré un budget rachitique – leur première incursion au cinéma, Intermission regorge d’intrigues qui s’imbriquent plutôt habilement les unes aux autres. Venant de rompre avec Deidre (Kelly Macdonald), John (Cillian Murphy), employé modeste d’un supermarché, apprend de son copain Mick (Brian F. O’Byrne), chauffeur d’autobus, que cette dernière l’a déjà oublié dans les bras de Sam (Michael McElhatton), un banquier ayant plaqué sa femme après 14 ans de mariage. Une rupture somme toute bien banale qui sèmera bientôt le chaos un peu partout dans Dublin.

Projetant de dérober Sam, Lehiff (Colin Farrell) recrute John et Mick, qui a perdu son emploi à la suite d’un accident… dont ont été témoins Sally et Maura (Shirley Henderson et Ger Ryan), respectivement sœur et mère de Deidre. Ces deux dames font par la suite l’objet d’un reportage à la télé tourné par Ben (Tom O’Sullivan), expérience qui redonnera des ailes à Sally, traumatisée par un horrible ex-petit ami. Vous me suivez toujours?

Par la suite, Ben prépare une émission de télé-réalité avec Jerry (Colm Meany), un détective aux méthodes peu orthodoxes qui poursuit nul autre que Lehiff. Et l’amour dans tout ça? Pendant ce temps, Oscar (David Wilmot), le meilleur ami de John, vit une liaison plutôt tumultueuse avec Noeleen (Deidre O’Kane), devenue complètement déjantée depuis le départ de son mari Sam. Enfin, pour pimenter le tout, interviendront une petite peste (Taylor Molloy) qui se plaît à lancer des cailloux et un gérant de supermarché (Owen Roe) en mal de pouvoir.

Une chose est sûre, c’est qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer avec toutes ces aventures rocambolesques campées dans un monde pourtant bien ordinaire, lequel n’est pas sans rappeler l’univers d’un Ken Loach ou d’un Mike Leigh. Par ailleurs, l’aspect fauché de la réalisation de même que la photographie rugueuse et le montage nerveux donnent à l’ensemble un semblant de réalisme et une sensation de fébrilité. Ajoutez à cela des répliques bien corsées ainsi que des personnages drôlement typés, interprétés par de solides acteurs (Farrell, Meany et Henderson en tête), et vous voilà devant un divertissement aussi percutant qu’un uppercut.

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