Osama : Réalité dévoilée
Cinéma

Osama : Réalité dévoilée

Eh oui, c’est bien lui, le film qui l’emporta sur Les Invasions barbares lors des Golden Globes. Il ne fit pas que ça d’ailleurs: Osama a remporté le prix Unesco Federico Fellini, la Louve d’or au Festival du nouveau cinéma et des nouveaux médias de Montréal, et Cannes lui a accordé une mention spéciale. Bardé de médailles, il nous arrive enfin!

Il s’agit du premier film à être tourné en Afghanistan depuis la chute du régime des Talibans. En fait, depuis 1996, aucun film n’avait été produit au pays. Le réalisateur Siddiq Barmark, un Afghan qui étudia le cinéma à Moscou, parvint à faire son film grâce à une aide financière limitée de l’Iran qui prêta équipement et salle de montage, et fit même réparer l’unique caméra disponible sur le territoire afghan.

Étant donné son maigre budget, Osama, tourné à Kaboul l’année dernière, est un véritable tour de force, d’autant plus qu’il ne compte aucun acteur professionnel. Marina Golbahari, la fillette de 12 ans qui y interprète Osama, fut découverte alors qu’elle mendiait dans la rue. Elle n’avait alors aucune idée de ce que "film" signifiait. Son interprétation juste et sentie n’en est que plus spectaculaire.

Faisant état de la situation des femmes sous le régime taliban, Osama raconte l’histoire d’une fillette qui est forcée de se métamorphoser en garçon afin de pourvoir aux besoins de sa famille constituée uniquement de femmes, soit sa mère et sa grand-mère. Dans ce régime soumis aux lois de la Sharia, 10 millions d’Afghanes furent contraintes de porter le burqa, ce grand voile pourvu de quelques petits trous qui permettent un minimum de vision à celle qui l’arbore. Ainsi, le film s’ouvre sur une scène magnifique: les rues calmes de Kaboul sont soudainement envahies de femmes qui, telle une mer de burqas bleus, manifestent pour avoir le droit de travailler. Jusqu’à ce que les Talibans débarquent avec leurs camions, tirent des coups de feu et envoient des jets d’eau en direction des insoumises…

La jeune Osama, ne connaissant de la vie que la prison des femmes, fera la découverte du monde des hommes, dont le travail constamment surveillé des "fous de Dieu"; les règles de prière et l’école pour "bons petits Talibans" ressemblent aussi étrangement à une prison. Malgré ses efforts pour mimer la lecture, pour imiter ses compères lors de la prière, pour monter aux arbres et pour parler le moins possible, son allure androgyne aura tôt fait de la trahir.

Le scénario est assez simple, les images, très belles et la réalisation, efficace. Osama n’est pas un chef-d’œuvre, mais un document courageux qui témoigne du passé récent d’un pays qui tente toujours de retrouver son identité.

Voir calendrier Cinéma Exclusivités