Jeux d'enfants : Mon manège à moi
Cinéma

Jeux d’enfants : Mon manège à moi

L’idée de base possédait beaucoup de potentiel: un jeune garçon, Julien, et une fillette, Sophie, vivant tous deux des difficultés familiales, s’inventent un moyen de fuir dans un monde à part, celui de la rigolade et du jeu. En se passant une boîte métallique en forme de manège, ils se lancent, chacun leur tour, des défis en scandant candidement: "Cap ou pas cap?" Plus ils grandissent, plus l’attirance entre eux s’accentue, plus les défis deviennent pervers, voire sadiques. Mais Julien et Sophie refusent de se déclarer leur amour, tout comme ils refusent de devenir adultes.

Contrastant avec la légèreté du récit, la mise en scène lourde et un tantinet prétentieuse de Yann Samuel, qui signe ici son premier long métrage, et la musique sirupeuse, jumelées à un scénario loufoque dans lequel les enfants s’expriment comme des adultes et les adultes, comme des ados attardés, rendent le tout plutôt difficile à avaler. Dommage, car Guillaume Canet et Marion Cotillard s’avèrent vraiment touchants en amoureux blessés. Cependant, ils ne peuvent à eux seuls soutenir un film en perpétuelle recherche de style et de ton.

De fait, se voulant une comédie romantique au réalisme poétique, Jeux d’enfants ne réussit qu’à imiter Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, Toto le héros de Jaco Van Dormael, de même que l’univers théâtral et coloré de Ma vie en rose d’Alain Berliner, sans aucunement atteindre la magie envoûtante de ces derniers. Le réalisateur affirme s’être inspiré des tragédies antiques, de Trainspotting, de Fight Club, de Mary Poppins, des films de Tim Burton, de Jacques Tati, de Charles Chaplin, de Frank Capra et de René Clair. Ouf! Pas étonnant que ce melting-pot ne ressemble finalement pas à grand-chose… De plus, la fin un peu tordue paraît directement empruntée des Enfants du paradis de Marcel Carné.

Décidément, ce manque de cohérence et une sur-utilisation d’effets visuels étouffent ce qui aurait dû être un joli conte moderne sur le refus de quitter l’univers ludique de l’enfance. Est-ce un hasard? On raconte que Marion Cotillard, dont les traits rappellent une certaine Audrey Tautou, tiendra un rôle dans le prochain film de Jeunet…

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