Saved! : L’annonce faite à Marie
En cette nouvelle année scolaire à la Eagle Mountain Christian High School, la vie de la jeune Mary (Jena Malone) est profondément bouleversée par une annonce que tout bon chrétien fondamentaliste souhaite, de sa vie, ne jamais entendre. Ainsi, à la fin des vacances estivales, Dean (Chad Faust), le petit ami de Mary, avoue à celle-ci son homosexualité. Comme un malheur n’arrive jamais seul, c’est à la suite d’un acte désespéré en vue de guérir Dean de sa terrible "maladie" que Mary aura conséquemment à subir la honte et le déshonneur qu’implique pour une jeune Christian Jewel le fait de mener à terme une grossesse extraconjugale. Si ce n’était de l’appui de ses amis Roland (surprenant Macaulay Culkin) et Cassandra (Eva Amurri), tous deux partageant la disgrâce d’être respectivement "atteints" de paraplégie et de judéité, l’infortunée Mary aurait eu à affronter seule une communauté moralement uniformisée et religieusement intégriste dont la blonde et parfaite Hillary (Mandy Moore) s’évertue à défendre les valeurs.
Véritable Carrie chrétienne, Mary affrontera l’intolérance dogmatique d’Hillary jusqu’au bal de promotion et profitera même de ce moment pour convaincre le pasteur et son entourage que Dieu ne saurait juger diffamatoires les différences qu’il a lui-même créées. À l’évidence, c’est dans la plus pure tradition des films d’ados que Brian Dannelly tente d’inscrire Saved!, sympathique et édifiante comédie oscillant entre la satire religieuse et le commentaire moralisateur. Conscient qu’il semble s’agir là d’une réponse à la récente mission cinématographique du prosélyte Mel Gibson, on ne peut qu’adhérer à l’humour noir de Saved! qui dépeint les aberrations d’une certaine vision du monde dont W. Bush s’avère l’idéal propagateur. En ce sens, l’aspect provocateur du film réside moins dans sa forme que dans son propos.
Aussi, sous ses apparences dramatiques et en dépit de la gravité de sa thématique, Saved! n’en demeure pas moins un conte résolument divertissant et amusant. Or, étrangement, c’est peut-être là que le film commet son pire péché. S’écartant brusquement du réjouissant ton satirique de son premier tiers, le film de Brian Dannelly sombre peu à peu, à grand renfort d’anodines et inoffensives saynètes amoureuses, dans la formule traditionnelle et éprouvée du film d’adolescents. De sorte que le propos, corrosif au départ, se dilue rapidement dans le sentimentalisme juvénile et la formule conventionnelle pour ne laisser finalement que l’ombre d’une critique acerbe du fondamentalisme religieux.
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