Supersize Me : Alimentation extrême
Cinéma

Supersize Me : Alimentation extrême

Le courageux et très téméraire réalisateur américain MORGAN SPURLOCK est devenu le cobaye de son propre documentaire, Supersize Me, en soumettant son corps à une expérience aussi inusitée que risquée. Pendant 30 jours, il n’a mangé, matin, midi et soir, que de la nourriture provenant de la chaîne multinationale McDonald. Un film-choc qu’il ne faut pas voir l’estomac trop plein…

En filmant l’évolution de sa "mc diète" durant laquelle s’accumulent les malaises physiologiques, Spurlock questionne sans détour les habitudes alimentaires des Américains, dont plus de 60 % sont gros ou obèses. Le résultat du régime-grosseur de Spurlock est stupéfiant selon les trois médecins et la nutritionniste qui suivent pas à pas l’évolution de sa santé: un gain de poids de près d’une livre par jour, un foie dans un très sale état (celui d’un alcoolique), des palpitations cardiaques, des troubles de l’humeur et, au dire de sa copine, des problèmes dans la chambre à coucher sont aussi du lot… Mais le corps de Spurlock n’est pas le seul à être scruté à la loupe. Les méthodes de marketing plutôt douteuses de McDonald qui s’adressent directement aux enfants et les cafétérias d’école n’offrant que du gras et des sucres sont également disséquées. Un peu comme l’estomac de cet homme éléphantesque qu’on peut aussi voir dans le film, qui subit une opération que nous décrivent très graphiquement des images de l’intérieur… "C’est dégueulasse, mais révélateur", affirme le réalisateur, joint par téléphone. "Nous vivons à une époque où, pour rester en santé, nous devons charcuter nos estomacs."

C’est en regardant un reportage télévisé sur deux adolescentes qui ont poursuivi McDonald pour les avoir rendues obèses que Morgan Spurlock eut l’idée de son film. Le roi incontesté du hamburger qui sert chaque jour 46 millions de personnes à travers le monde fut acquitté puisque rien ne pouvait prouver que seuls des Big Macs et des frites McDo avaient été ingurgités. Les variables n’avaient pas été isolées. Une porte-parole de la chaîne en profita pour déclarer que ce que McDonald proposait à ses clients était sain, nutritif et excellent pour leur santé. Il n’en fallut pas plus à Spurlock pour se lancer dans une aventure qui ébranle désormais pas mal les fondations de ce Goliath de l’alimentation rapide. Depuis la première du film lors du dernier Festival de Sundance, bien des choses ont changé chez McDo. Le format "supersize" (dont la boisson gazeuse d’un demi-gallon contenait 48 cuillères à soupe de sucre) a été éliminé et il y a quelques semaines, le 6 mai précisément, on annonçait en grand l’arrivée d’un nouveau menu "happy meals" pour "adultes actifs" contenant une salade, de l’eau, un pédomètre (qui calcule le nombre de pas) et un livret sur l’exercice physique. Étrange, le film sortait en salle aux États-Unis le 7 mai… Évidemment, selon McDonald, tout cela était prévu bien avant qu’ils aient eu connaissance du film.

Considéré à raison comme le Michael Moore de la malbouffe, le réalisateur Morgan Spurlock a réussi à faire de son Supersize Me un film intelligent qui utilise l’humour afin de prouver de façon irréfutable ce qu’on soupçonnait déjà. Il affirme: "Je voulais faire un film qui secoue sans être moralisateur. Je l’ai fait de manière à ce qu’il soit divertissant parce que je voulais qu’il puisse être accessible aux parents aussi bien qu’à leurs enfants." Selon lui, les Nord-Américains étaient "affamés" d’entendre de tels propos. "La réponse des gens au film est incroyable. Je crois qu’ils sont prêts pour du changement. Quand les enfants commencent à être malades, qu’ils souffrent de diabète avant l’âge de 15 ans, ça réveille!" Supersize Me a été entièrement produit par la compagnie indépendante du réalisateur, un choix qui est à l’image du film que son auteur voulait sans compromis.

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