Troie : Glaives et testostérone
Cinéma

Troie : Glaives et testostérone

L’Iliade

d’Homère reprise par Hollywood… Une entreprise d’envergure qui ne manque pas de faire accourir les foules de partout, y compris celles de la Croisette. Il n’en reste pas moins que dans ce nouveau péplum (bon filon redécouvert par Ridley Scott avec son Gladiateur), exit les réflexions philosophiques du grand poète de la Grèce antique au profit de batailles qui, après quelques heures, finissent par devenir lassantes. On pouvait s’attendre à mieux du réalisateur d’origine allemande du magnifique Das Boot, Wolfgang Petersen.

Récapitulons cet épique récit, histoire de nous rafraîchir la mémoire. La mythique guerre de Troie est déclenchée par l’acte irréfléchi de Pâris, prince de Troie (Orlando Bloom, juste en jeune éphèbe délicat), qui, aveuglé par son amour pour la belle Hélène, reine de Sparte (Diane Kruger), l’enlève pour la présenter à papa, le roi Priam (Peter O’Toole, toujours aussi shakespearien). Le roi Ménélas (Brendan Gleeson) n’est pas très content de s’être fait piquer sa femme et comme il est copain avec le puissant roi Agamemnon (le très bon Brian Cox) qui, de son côté, rêve depuis longtemps de conquérir le royaume de Troie, ils feront équipe afin d’écraser la cité. Pour cela, ils auront besoin du meilleur guerrier, le redoutable mais indomptable Achille (le très plastique Brad Pitt, gonflé à bloc). Pour ce qui est des femmes, elles ont des rôles plutôt secondaires dans ce monde où domine la testostérone… En effet, ça sent l’hormone mâle à plein nez. Il est question d’honneur, de courage guerrier et de pouvoir. Des thèmes homériques qui, finalement, ne semblent ici que des prétextes à de monumentales scènes de batailles à la Seigneur des Anneaux, qui n’arrivent cependant pas à nous captiver totalement. Brad Pitt joue des muscles et de la moue boudeuse qui, dans le contexte, veulent dire "vengeance" et "je vais tous vous tuer". À ses côtés, Eric Bana, dans le rôle d’Hector, le frère de Pâris, l’un des meilleurs éléments du film, est beaucoup plus charismatique, fragile et naturel. D’ailleurs, le combat entre Achille et lui, le seul qui parvienne vraiment à nous faire tressaillir, est remarquable. La scène dans laquelle Peter O’Toole, émouvant en père éploré, vient réclamer, à genoux, le corps de son fils à son assassin constitue également l’un des trop rares beaux moments de ce très long film. Pour le reste, on saluera le bel effort de reconstitution de l’esthétique de l’époque. Les bijoux et costumes, entre autres, sont magnifiques, ce qui nous réconcilie avec les Grecs en paillettes et les Romains en "fortrel" des années 60. Bref, une version diluée et sans surprise de L’Iliade qui ne traversera certainement pas les siècles, contrairement à l’œuvre d’Homère.

Voir calendrier Cinéma