The Revolution Will Not Be Televised / Discordia : Thrillers politiques
En 2002, au Venezuela, des troubles viennent noircir le mandat du président élu démocratiquement, le socialiste Hugo Chavez. Les médias internationaux relatent des émeutes, des grèves et même des morts. Il demeure cependant impossible de savoir exactement ce qui se trame dans ce petit pays d’Amérique latine. Alors que nos téléjournaux nous renvoient des informations contradictoires, deux cinéastes irlandaises, Kim Bartley et Donnacha O’Briain, sont sur place et tournent un documentaire remarquable qu’elles intituleront The Revolution Will Not Be Televised. Véritable thriller politique, ce film se regarde la bouche ouverte, les fesses tout au bord du fauteuil.
Désirant brosser le portrait du président de gauche, les coréalisatrices se sont retrouvées en plein cœur d’un coup d’État dont elles ont pu saisir l’évolution, minute par minute. Et, soudainement, tout devient clair. Chavez, comme Salvador Allende au Chili avec le cuivre, veut nationaliser le pétrole afin de permettre à toute la population de profiter de cet or noir. Alors que le Venezuela est le quatrième plus gros producteur de pétrole au monde, qu’il fournit 14 % du pétrole dont les Américains ont besoin, l’oligarchie qui exploite cette matière première de grande importance ne représente que 20 % de la population vénézuélienne. Celle-ci, inutile de le dire, est loin d’appuyer les politiques de Chavez, qu’elle veut renverser. Il en va de même pour les Américains qui, lors du coup d’État, ne contestent pas la légitimité du nouveau gouvernement autoproclamé de ces rois du pétrole. Malgré tous les indices bien mis en évidence dans le film, le gouvernement de l’oncle Sam persiste à nier son implication dans ce renversement totalement inconstitutionnel. Pourtant, à la suite de l’échec du coup d’État, les putschistes ont pratiquement tous disparu… aux États-Unis.
Ce film constitue un document exceptionnel qui témoigne d’un scénario maintes fois utilisé par les agences secrètes américaines en Amérique latine (Honduras, Guatemala, Chili, Salvador, etc.). Cette fois, il se déroule sous nos yeux, de l’intérieur. Des images incroyables nous font voir tout ce qui se passe au palais présidentiel, alors que d’autres nous racontent comment les émeutes ont débuté. Toute cette information est mise en opposition avec des archives d’émissions de télévisions privées, totalement biaisées afin de mieux manipuler l’opinion publique vénézuélienne et internationale. Un film étonnant et habilement ficelé qui aurait pu s’appeler: Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les coups d’État…
The Revolution Will Not Be Televised est suivi du documentaire Discordia, qui retrace la période de tension dans l’enceinte de l’Université Concordia au moment de la venue sur le campus, en septembre 2002, de l’ancien premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou. Au-delà des territoires occupés, ici même à Montréal, le fossé Israël/Palestine se creuse. Un film fort pertinent qui trouve sa force en montrant sans tenter d’expliquer.
Il s’agit donc d’un programme doublement politique duquel nous sortons mieux outillés pour saisir la réalité souvent trouble qui nous entoure.
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