Le Tour du monde en 80 : Tout petit la planète
Cinéma

Le Tour du monde en 80 : Tout petit la planète

À l’aube des années 1880, Phileas Fogg (Steeve Cougan), inventeur de son état, fait le pari de parcourir le monde en 80 jours. Accompagné de son fidèle et intéressé valet Passe-Partout (Jackie Chan) et de Monique (Cécile de France), une artiste française assoiffée d’aventures, Fogg mettra à profit les fruits et les fantasmes du progrès industriel de l’époque (notamment les chemins de fer ainsi que les voies aériennes et maritimes) pour réaliser le rêve savant de pousser l’homme aux limites de sa géographie et de sa technologie. Roman paru en 1873, Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne demeure, après plus d’un siècle, une fable humaniste et étonnamment anticipative dont la multinationale Walt Disney ne pouvait faire autrement qu’adapter la fantaisie et l’extravagance, et adopter le discours internationaliste.

On devine toutefois le scepticisme qu’une telle aventure cinématographique peut susciter: Walt Disney s’associant à Jackie Chan pour une adaptation du célèbre roman du Français Jules Verne? On peut s’attendre au pire de ce curieux bain de cultures. Or, Frank Coraci (Chanteur de noces) réussit contre vents et marées à éviter, en partie du moins, à cet amalgame de sombrer dans une formule bigarrée et composite qui aurait eu tôt fait de provoquer l’ire des inconditionnels de l’auteur de Vingt mille lieues sous les mers. Le ton humoristique, kitsch et drôlement prospectiviste du film permet à ce dernier de s’avérer un agréable divertissement tout en demeurant une adaptation recevable malgré ses nécessaires raccourcis et ses multiples omissions (qu’est donc devenue Aouada, celle que devait épouser Fogg?).

Fort d’une distribution éclatée (Arnold Schwarzenegger en prince Hapi et Kathy Bates en reine Victoria), Le Tour du monde en 80 jours amuse certes, il n’en demeure pas moins que le film souffre parfois de la trop grande présence de Jackie Chan qui en vient à occulter l’importance historique et la dimension quasi philosophique du personnage de Fogg. Qu’est-ce qu’on en a à fabriquer de ces interminables et stériles scènes de combat? Heureusement, l’intelligence point à ces quelques savoureux moments où le récit fait un clin d’œil à l’histoire (Toulouse-Lautrec au bordel, les frères Wright en réparateurs de bicyclette, Van Gogh et son oreille, etc.). Cependant, il ne faut pas se leurrer, Le Tour du monde en 80 jours inaugure la saison estivale et, incidemment, le film prétend moins révolutionner le genre que hausser les profits des ciné-parcs.

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