James' Journey to Jerusalem : Candide et la Terre promise
Cinéma

James’ Journey to Jerusalem : Candide et la Terre promise

Jeune pasteur d’un village fictif d’Afrique, James (adorable Siyabonga Melongisi Shibe) est emmené au poste de police dès son arrivée à Tel-Aviv car on croit qu’il y est venu pour travailler clandestinement. Or, le candide dévot ne rêve que d’aller en pèlerinage à Jérusalem afin de répondre au souhait des habitants de son village. Priant Dieu avec ferveur de le sortir de prison, James se voit payer sa caution par Shimi (savoureux Salim Daw), un homme d’affaires véreux qui engage des immigrants après leur avoir confisqué leur passeport.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs l’an dernier, James’ Journey to Jersusalem (en hébreu, anglais et zoulou avec sous-titres anglais) est une fable picaresque traçant un portrait acerbe d’Israël, qui ne ressemble en rien à la Terre promise où coulent en abondance le lait et le miel. Ainsi, le pauvre James découvre bientôt que la Jérusalem décrite dans la Bible est au cœur d’un pays corrompu où les plus riches, de connivence avec les autorités, exploitent les démunis. Plus James tentera de s’échapper des griffes de son employeur malhonnête, plus il s’éloignera de son rêve, chaque tentative se retournant invariablement contre lui – si ce n’était de l’attendrissant personnage à l’optimisme inébranlable, l’exercice deviendrait bien vite lassant. La belle âme pure succombera même un temps à la tentation du pouvoir et de l’argent par la faute de Sallah (attachant Arie Elias), le père de Shimi, un vieil homme grincheux sur le point d’être envoyé dans une maison de retraite. Tout finira-t-il pour le mieux dans le meilleur des mondes?

S’étant d’abord fait connaître comme documentariste, Ra’anan Alexandrowicz (The Inner Tour) démontre avec ce premier long métrage de fiction qu’il n’a pas froid aux yeux. De fait, les personnages qu’il dessine à gros traits se révèlent des clichés culturels embarrassants – l’Africain naïf et le Juif pingre, entre autres – auxquels on réussit tout de même à s’attacher grâce à la sincérité du jeu des acteurs. Par ailleurs, le cinéaste signe une mise en scène paresseuse qui n’est pas sans rappeler l’amateurisme d’un certain cinéma africain, auquel Alexandrowicz rend hommage à l’aide de fresques naïves et de chants religieux. Toutefois, ces quelques défauts n’empêchent pas de faire de James’ Journey to Jerusalem une œuvre sympathique empreinte d’un bel humanisme.

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