Elvis Gratton XXX: La Vengeance d’Elvis Wong : Et la marde fut!
Au risque de blesser les inconditionnels du King, celui de Memphis ou de Brossard, force est d’admettre que la franchise Elvis Gratton, à l’instar d’Elvis Presley à la fin de sa carrière, est devenue une grosse chose boursouflée et pathétique qui fait rire les ados.
"De la marde, en voulez-vous? En v’là!" a dû s’écrier à plusieurs reprises Pierre Falardeau en signant le troisième volet des aventures de l’ineffable Bob Gratton (Julien Poulin). De fait, avancer que l’ensemble patauge dans la merde jusqu’au cou, ce n’est pas une façon de parler. Que nenni! Afin de déverser son fiel sur le dos des journalistes, Falardeau préfère engloutir littéralement le tout sous des litres d’excréments plutôt que de se réfugier dans la simple métaphore. Ah! esprit rabelaisien, quand tu nous tiens! Comme se plaît à le répéter le king des égouts, une fois que la pompe à marde est partie, ça monte tout seul. Et à nous de nous démerder pour y apprécier les réflexions vindicatives de Falardeau à propos de la convergence des médias.
D’une merde à l’autre
À la suite d’un appel de Jean Chrétien, Elvis Gratton se retrouve à la tête de Radio-Cadenas et de La Presse. Après un spectacle d’adieu, où Gratton entonne "sa plus belle chanson d’amour", Mets ta main dans mes shorts, le nouveau roi des médias devra revoir la façon de présenter l’information, ou plutôt la formation, comme le lui explique le directeur de l’information (Jacques Allard), afin de vendre le Canada. S’ensuivent donc des scènes plutôt féroces où Falardeau nous offre des journalistes en laisse, des téléromans à contenu canadien et un croisement entre Le Téléjournal et La Fureur, présenté par une animatrice plus près de Véronique Cloutier que de Pascale Nadeau (Sylvie Boucher). Entre-temps, Méo (Yves Trudel), qui marmonne en cul-de-poule, se retrouve à la barre d’une émission culturelle à la radio. Et vlan dans les dents des intellos qui manient avec complaisance la langue de bois. Quant aux critiques de cinéma, Falardeau, dans le rôle du cinéaste allemand Wim Wonders, leur sert une parodie assommante de film d’auteur: La Vengeance d’Elvis Wong – fallait bien justifier le titre!
Se moquant outrageusement de Radio-Canada, Falardeau écorche également avec un malin plaisir l’univers de Quebecor; ainsi, Elvis trouvera la mère porteuse de son clone dans une émission de télé-réalité, La Gosse d’or, et lancera la carrière d’une jeune chanteuse chaque mois. Dès que le directeur de l’information entre en scène, l’on reconnaît toute la virulence propre au réalisateur. Malheureusement, Falardeau noie le poisson dans une longue suite de scènes burlesques et relègue pratiquement son premier propos aux oubliettes. Avions-nous encore besoin de ces blagues de limousine? Et de ces "tabarnaks" que Poulin, toujours aussi énergique, lance sur tous les tons? Certes, Falardeau n’a jamais voulu s’abaisser à faire un film au goût des critiques, ce qui est tout à son honneur. Mais cette fois, on a l’impression qu’il s’est foutu royalement de son public.
Voir calendrier Cinéma Exclusivités