Les pages de notre amour : D’amour et d’ennui
Fils de l’acteur et cinéaste John Cassavetes et de l’actrice Gena Rowlands (tous deux crédités en 1974 pour l’étonnant A Woman Under the Influence, Nick Cassavetes n’a certes pas hérité du talent et de l’audace de son paternel. N’empêche que le réalisateur d’Unhook the Stars (1996) s’y connaît mieux que quiconque en matière de romance larmoyante. Construit selon les codes et conventions du genre (musique ronflante, paysage bucolique et dialogues évidés d’esprit), Les pages de notre amour saura sans nul doute en émouvoir plus d’un cet été, mais il n’en sera pas moins rapidement relégué aux oubliettes quand il quittera les écrans. Ce qui n’interdit pas toutefois d’en tirer un menu plaisir coupable.
Nous sommes dans le petit village de Seabrook au début des années 40. Les pages de notre amour , adapté du roman éponyme de Nicholas Sparks, raconte l’inopportune liaison entre Noah (Ryan Gosling), un jeune homme issu de la classe ouvrière, et Allie (Rachel McAdams), fille d’une riche famille qui se refuse à accepter les prétentions amoureuses de ce couple aux conditions sociales mal assorties. On supporterait à peine le convenu de la situation si cette banale histoire d’amour ne nous était pas relatée plus d’un demi-siècle plus tard par un Noah cardiaque (James Garner) lisant à une Allie souffrant d’Alzheimer (Gena Rowlands) les mémoires que cette dernière conservait dans un journal. Cet élément du récit, dont la présence à l’écran demeure négligeable en comparaison de celle, interminable, de l’histoire racontée par Noah, permet néanmoins à Les pages de notre amour de susciter un soupçon d’intérêt et de lui assurer un certain succès auprès d’un public adulte.
Cependant, bien que la direction photo témoigne d’une délicatesse et d’une élégance sans faille, il est difficile de retenir un sourire face à ces images paraissant tout droit sorties d’une publicité d’assurance-vie. Difficile également de croire à cette histoire d’amour tant ses jeunes acteurs semblent confondre cinéma et série télévisée pour adolescents pré-pubères. À plusieurs reprises, on soupirera devant le ridicule consommé de certaines séquences (la querelle entre Allie et sa mère, la visite familiale à la maison de repos, la scène de guerre, etc.). Mais hormis l’ennui et l’exaspération que provoquent ces deux longues heures d’inoffensif sentimentalisme idyllique, on ne peut qu’être reconnaissant envers Nick Cassavetes d’avoir fait d’une terrible maladie dont on confine trop souvent à l’oubli ceux et celles qui en sont atteints le motif d’une honnête histoire d’amour, de fidélité et… d’assistance.
Voir calendrier Cinéma Exclusivités