Spider-Man 2 : Le baiser de l’homme-araignée
La première aventure du super-héros cousu de fil gluant venait à peine de quitter les écrans que CNN annonçait déjà que le conseil municipal de San Francisco, inspiré par les prouesses dudit personnage, désirait désormais pourvoir ses patrouilleurs d’une arme à la fois efficace, propre et non violente. Cette arme de rêve qui emprunte la forme d’un revolver ordinaire, dont on a judicieusement troqué les balles contre un filet, rappelle franchement celle de ce justicier arachnéen dont les singuliers exploits ont fait le bonheur de nombreux enfants. Le Net-Gun, déjà utilisé au Japon, démontre à quel point les surprenants pouvoirs de Spider-Man passionnent encore et toujours enfants et adultes confondus. Bien qu’amusant, ce fait divers prouve à tout le moins que les faits d’armes de Spider-Man auront réussi, de façon permanente, à marquer notre imaginaire bien plus qu’auront su le faire ceux de ses congénères des Marvel Comics. Dans ce contexte, un second Spider-Man (ainsi qu’un troisième en chantier) était à prévoir.
Succès assuré, donc, pour cette suite des aventures du frêle mais robuste homme-araignée. Adapté de l’œuvre classique de Stan Lee, le Spider-Man nouvelle mouture est à nouveau soutenu par d’efficaces effets spéciaux et, heureusement, n’a rien perdu du charme innocent et ambivalent de celui que nous ont fait connaître les comics des années 60. Un charme dont le crédit revient assurément au jeu tout en finesse et agréablement juvénile de Tobey Maguire, à qui la production a de nouveau fait confiance pour l’interprétation du rôle. Fort d’un premier Spider-Man honnête et sympathique, Sam Raimi, auteur de la trilogie Evil Dead, récidive cette fois avec un deuxième film techniquement et visuellement supérieur au premier. Les envolées de notre héros aux pattes adhésives gagnent en naturel, jusqu’au méchant docteur Octopus (Alfred Molina) qui apparaît cette fois plus machiavélique et moins grotesque que le bouffon vert du précédent film. Certaines scènes sont à couper le souffle tant leur réalisme étonne. La séquence du train en fera frissonner plus d’un et vaut à elle seule le déplacement.
Or, si les scènes d’action et de combat ne manquent pas et parviennent toujours à créer la tension et le dynamisme souhaités, on retient surtout de ce second Spider-Man ses (parfois trop) longues scènes dramatiques qui étoffent la psychologie des personnages et enrichissent du même coup leur personnalité d’une sensibilité inespérée pour ce genre de film duquel on s’attend habituellement à souffrir de fortes charges de testostérone. Dans Spider-Man 2, Peter Parker, en adolescent troublé, maladroit et amoureux, remet en question sa condition de justicier et s’interroge sur les valeurs morales auxquelles on identifie les actions du héros. Bien que propres à la philosophie des suites, ces remises en question sont les bienvenues en ce qu’elles permettent d’humaniser et de nuancer l’identité du super-héros. Ici, Spider-Man est si humain qu’il en vient même, momentanément, à souffrir d’impuissance. En cela, la métaphore du faible poignet fait sourire. Aussi, la pertinente présence de Mary Jane Watson (Kirsten Dunst) se révèle un véritable catalyseur qui, malgré les apparences, fait moins de la femme le faire-valoir de l’homme qu’il la présente comme l’esprit animant le super-héros. D’ailleurs, l’araignée ne se conjugue-t-elle pas toujours au féminin? Au total, Spider-Man 2 est une réussite, bien que ce soit en grande partie redevable à la contribution de Tobey Maguire.
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