Le Défi : Petits câlins entre amis
Cinéma

Le Défi : Petits câlins entre amis

Emilia (mordante Heike Makatsch) et Felix (délicieux Benno Fürmann) viennent de se séparer, bien qu’ils semblent s’aimer encore. Boris (attendrissant Jürgen Vogel) s’apprête à demander Annette (charmante Alexandra Maria Lara) en mariage, mais n’arrive pas à trouver le moment propice. Dylan (ténébreux Mehmet Kurtulus), le nouveau riche, vit dans une pagode de luxe aux couleurs d’une toile de Mondrian avec sa blonde geisha Charlotte (décorative Nina Hoss). Se préparant fébrilement pour une petite soirée qui aura lieu chez les richards, les trois couples remettent en question leur bonheur… et leur tenue de soirée. Superficialité, quand tu nous tiens! Faisant fi du montage parallèle, Doris Dörrie (Nobody Loves Me) présente alors chaque couple dans une longue scène bavarde, quoique assez vivante, se terminant inévitablement par une chanson (plutôt mal) interprétée par le mâle en vedette. La première fois, c’est gentil; lors de la deuxième scène, on sourit, mais un peu par dépit; et au troisième coup, on se dit: "Ça suffit!" – même si ce dernier tableau nous rappelle avec ravissement Une femme est une femme de Godard.

Vient enfin le souper, placé sous le signe de l’envie, de la jalousie et de l’hypocrisie. Que c’est beau, l’amitié! À les entendre s’échanger quelques vacheries toujours polies, on se demande bientôt ce qui tient tout ce petit monde réuni. Mais que serait une soirée entre amis sans raillerie ni esprit de compétition? Exaspéré par les ronrons – feints ou non – des tourtereaux, le cynique Felix leur propose un défi: celui de reconnaître, les yeux bandés, le corps nu de l’être aimé. Se voulant sans doute audacieux, Le Défi (Nackt, en version originale allemande avec sous-titres français) ne se révèle pourtant qu’un rendez-vous raté avec la sensualité et la fantaisie. Qu’est-il donc advenu de la verve qui faisait la grâce des œuvres de cette habile peintre des relations hommes-femmes? Blâmons la réalisatrice de Mes deux hommes qui signe une mise en scène appliquée enlevant à l’ensemble, néanmoins sympathique, toute spontanéité. De fait, les protagonistes se retrouvent coincés dans un décor glacé où chaque réplique, tantôt clichée, tantôt assassine, est lancée suivant une mécanique exaspérante. Demeurent le charme indéniable des interprètes, qui endossent avec sincérité des personnages peu sympathiques, et un zeste de romantisme bienvenu dans cette romance acidulée.

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