Napoleon Dynamite : Consommé de bêtise
Cinéma

Napoleon Dynamite : Consommé de bêtise

Le recours aux farces grasses est-il l’unique pré-requis auquel un film doit répondre pour être classé dans la catégorie comédie? À voir Napoleon Dynamite, le dernier gagnant au US Comedy Arts Festival qui a aussi fait un tabac à Sundance, il faut se rendre à la triste conclusion que oui… Ce film indépendant qui marque les débuts du jeune Jared Hess dans le monde du long métrage constitue une suite de gags tout aussi prévisibles que primaires.

Véritable symbole du degré infini que peut atteindre la stupidité humaine, Napoleon (Jon Heder, air lobotomisé en permanence) vit à Preston, petite ville de l’Idaho, où les démonstrations Tupperware et les lamas domestiqués sont monnaie courante. Autour de lui gravite une kyrielle de personnages menant des existences toutes plus pathétiques les unes que les autres. Arborant afros surdimensionnés, moulés dans d’atroces vêtements fluorescents et affublés d’immenses lunettes teintées, ils semblent tout droit sortis des années 70, un écart temporel qui ne suffit guère à justifier leurs sévères lacunes au niveau psychologique. De l’oncle pervers (Jon Gries, repoussant à souhait) qui vend des pilules destinées à augmenter la masse mammaire de ses clientes, à Pedro (Efren Ramirez, peu loquace), l’étudiant étranger qui courtise tout ce qui bouge, en passant par Deb (Tina Majorino, étonnamment juste), l’élève rejetée qui se consume d’amour pour le héros, tous les protagonistes sont inspirés par des clichés obsolètes à l’extrême. Ce détail ne semble toutefois pas déplaire aux acteurs qui s’accommodent avec un plaisir évident de rôles dénués de profondeur.

Malheureusement, leur contentement ne suffit pas à détourner l’attention du public de la futilité du propos. Certaines expressions originales, quelques chorégraphies absurdes et deux ou trois gags parviennent à nous soutirer un semblant de sourire, mais l’ensemble reste lourd à digérer – à l’image de cette bouffe de cafétéria envers laquelle Hess semble nourrir une véritable obsession et qu’il nous sert constamment en gros plans. Délire entre jeunes adultes nostalgiques ou portrait d’une Amérique qui se repaît de plus en plus de son ignorance? Difficile de dire ce qui qualifie le mieux ce croisement entre American Pie et Beavis and Butthead. Chose sûre, cette glorification de la bêtise a de quoi désillusionner l’humaniste le plus acharné…

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