Camping sauvage : Un gars, une vue
Cinéma

Camping sauvage : Un gars, une vue

C’est une vue; Guy A. Lepage l’a clamé haut et fort sur toutes les tribunes. Alors pourquoi revenir là-dessus? Laissons aussi de côté la bande-annonce criarde qui fait craindre un retour en force de la grosse comédie carburant aux jokes en bas de la ceinture et au crétinisme profond des personnages. Prenons donc Camping sauvage pour ce qu’il est: un divertissement léger fait dans la bonne humeur et, pour paraphraser Rock et Belles oreilles, un produit non nocif pour l’intelligence.

Enfants de la télé nourris aux films de série B, Lepage et Sylvain Roy (Un gars, une fille) ont préparé un joyeux cocktail à base de romance, d’humour et de suspense où fourmillent grand nombre de références à la culture populaire. Ainsi, entre une scène où l’on se moque des "split screens" à la De Palma et une séquence caricaturant le film noir façon Tarantino, on rend hommage aux Berger, téléroman ayant fait les beaux jours du canal 10 dans les années 70 – un flash hilarant pour les 30 ans et plus. Même l’assassinat du président Kennedy s’y retrouve parodié! Sans vouloir cataloguer Camping sauvage de fourre-tout ou d’y diagnostiquer le syndrome du premier film, force est cependant d’admettre que certains effets se révèlent plutôt lourds, tels ce passage en dessin animé mettant en vedette Jackie Pigeon (Sylvie Moreau) et le policier Bédard (Normand D’Amour) ainsi que le recours à la photo sépia dès que se pointe le père Pigeon (Benoît Girard).

Genre oblige, les blagues (parfois répétitives) fusent sans arrêt; heureusement, les scénaristes André Ducharme, également chargé de la direction d’acteurs, Luc Déry et Yves Lapierre ont jalousement veillé à ce que celles-ci n’entravent jamais le récit de ce courtier (Lepage) devant se réfugier au camping Pigeon, royaume rose bonbon où le kitsch est roi. Toutefois, les nostalgiques de RBO regretteront l’humour corrosif et satirique de Lepage, bien qu’on y lance, mine de rien, quelques flèches aux défenseurs de la mondialisation. Enfin, dans cet univers bigarré swinguant aux accords accrocheurs de Ramasutra, Sylvie Moreau s’avère toujours aussi pétillante en femme d’apparence frivole, tandis que Lepage s’acquitte de son rôle d’homme coincé avec un certain aplomb au sein d’une distribution où humoristes et comédiens s’amusent franchement sur un pied d’égalité. Une vue réussie qui fera sûrement des petits.

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