Le Roi Arthur : Du mythe à la réalité
Au dire des historiens, le roi Arthur (Clive Owen), sa belle Guenièvre (le nombril de l’heure Keira Knightley) et le valeureux Lancelot (Ioan Gruffud), mythique triangle amoureux ayant inspiré de nombreux récits au Moyen Âge, dont les plus célèbres proviennent de cycle arthurien de Chrétien de Troye, auraient vraisemblablement vécu à l’époque où Rome dominait la Bretagne. Fort de ces nouvelles découvertes et face au succès foudroyant remporté quelques années auparavant par Braveheart de Mel Gibson et Gladiator de Ridley Scott, le producteur Jerry Bruckheimer a flairé l’occasion de pondre un drame épique où l’on servirait sur un plateau d’argent le Moyen Âge à la sauce romaine. Et par le fait même de réduire une page d’histoire en une banale romance sur fond de violence.
Ainsi, à l’instar de Wolfgang Petersen, qui dénaturait L’Iliade d’Homère en expulsant les divinités de son luxueux et tapageur Troy, le réalisateur de Jour de formation, Antoine Fuqua, exploite la prétendue veine historique pour illustrer les faits et gestes héroïques des chevaliers de la Table ronde. Exit, donc, merveilleux, philtres d’amour et ballades courtoises que l’on retrouvait dans le magnifique Excalibur de John Boorman. Transportons-nous plutôt vers 450 après Jésus-Christ, au moment où les Romains retournent au bercail et que Cerdic (Stellan Skarsgard) et les Saxons s’apprêtent à franchir le mur d’Hadrien pour envahir le sud de la Bretagne. S’étant lié avec les rebelles dirigés par Merlin (Stephen Dillane), qui n’a rien d’un enchanteur, et sa fille Guenièvre, une guerrière dont le charme n’a d’égal que le courage, Arthur et ses fidèles chevaliers tenteront de bouter les impitoyables barbares hors de leur île.
Narré sur deux heures qui en paraissent deux siècles, Le Roi Arthur se révèle au bout du compte un lourd drame épique où fusent les répliques pompeuses que récitent des acteurs de talent courbant sous le poids historique de leurs personnages monolithiques. Ne reprochons rien à la direction artistique, mais blâmons la ronflante trame sonore plus qu’envahissante de Hans Zimmer. Quant à la mise en scène, Fuqua démontre peu d’imagination et enchaîne platement les nombreuses scènes de combat, lesquelles sont montées de façon incohérente. En somme, un film carburant à la testostérone et dénué d’âme. Que diriez-vous de louer Monty Python and the Holy Grail pour rigoler vraiment?
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