The Door in the Floor : La mort dans l’âme
Par-delà le cachet d’une vieille demeure de la côte Est américaine, par-delà la plage, la mer et les herbes longues balayées par le vent, bref, sous la surface d’un décor idyllique où le bonheur semble aller de soi, un couple connaît ses derniers moments de vie commune. N’étant pas parvenus à se retrouver à la suite de la mort de leurs deux fils aînés, Ted Cole (Jeff Bridges, dont le personnage à l’assurance exacerbée apporte au film sa touche d’humour), un célèbre auteur de livres pour enfants, et son épouse Marion (Kim Basinger, à la fois distante et suffisamment présente pour qu’on ait envie de la voir revenir du côté des vivants) choisissent ainsi de se séparer pour l’été, tout en se relayant auprès de Ruth, leur fillette de quatre ans. Et c’est à travers le regard d’Eddie (Jon Foster, généralement effacé dans ce rôle plutôt passif), un étudiant engagé comme assistant, qu’on découvre le drame de cette famille: une enfant obsédée par les photos de ses frères tapissant les murs de la maison, une mère émotionnellement paralysée, un mari infidèle… Jusqu’à ce que le jeune homme se trouve lui-même intégré au tableau, alors qu’en devenant l’amant de Marion, il la tire de sa léthargie et l’amène à poser un geste décisif.
Tod Williams (The Adventures of Sebastian Cole) signe ici une adaptation mesurée du roman A Widow for One Year de John Irving. Privilégiant un rythme posé, qui aurait même pu s’attarder encore par moments, et optant pour un traitement discret, dans une volonté de laisser les images parler d’elles-mêmes, il évite tout emportement, que ce soit dans la douleur ou la passion. Un engourdissement – du reste inhérent au propos – dont ressort néanmoins une certaine froideur. De même, le réalisateur sonde ses personnages ainsi que leurs relations de façon nuancée, en misant sur les particularités et les ambiguïtés qui en font l’intérêt. Ainsi le mystère opère-t-il jusqu’à la fin. Toutefois, ce parti pris, quoique stimulant pour le spectateur, peut également le laisser sur une impression d’inachevé. Est-ce parce que Williams a choisi de n’adapter que le premier tiers du livre? Est-ce parce que trop d’information passe par le non-dit? Toujours est-il qu’on voudrait en savoir plus, ce qui, déjà, prouve que cet univers, faute de bouleverser, s’avère tout de même captivant.
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