Une histoire de Cendrillon : Amour, gloire et beauté
Cinéma

Une histoire de Cendrillon : Amour, gloire et beauté

Une histoire de Cendrillon est une comédie pour adolescents qui rêvent d’un monde parallèle dont Ken et Barbie seraient les ambassadeurs.

Oubliez la pauvre souillon qui s’écorchait les mains à force de dégraisser les fonds de casseroles, qui se déplaçait dans une citrouille tirée par des chevaux et qui avait pour seule compagnie les gentils mais peu volubiles petits animaux de la forêt. En 2004, grâce à l’évolution fulgurante de la technologie et des mentalités (sic!), Cendrillon, alias Sam, se salit les mains en apprêtant des tartares de saumon, s’habille avec style chez Wal-Mart et entretient des romances cybernétiques houleuses. Elle a changé, dites-vous? N’ayez crainte! Elle est toujours aussi triste et malheureuse que dans la version qu’on vous lisait du temps lointain et non corrompu de votre tendre enfance…

Transposé par Mark Rosman dans la verdoyante vallée de San Fernando où popularité rime avec fringues griffées et injections de Botox, le conte, qui a traversé l’épreuve de tant de siècles, n’est plus qu’une vulgaire fable faisant la promotion d’un idéal dépourvu de toute moralité. Comme le font entendre haut et fort les haut-parleurs lors de la célèbre scène de bal (devenue ici une typique danse d’Halloween): "Il ne s’agit pas de ce que l’on est, mais bien de ce que l’on porte!" Connaissant cette maxime, le spectateur comprendra mieux pourquoi l’héroïne se plaint de "vivre dans un grenier" alors qu’elle habite une baraque qui ferait pâlir d’envie le plus prospère des propriétaires fonciers, ou ce qui la pousse à affirmer que "sa voiture tombe en morceaux" alors qu’elle roule en décapotable!

Comédie pour adolescents qui rêvent d’un monde parallèle dont Ken et Barbie seraient les ambassadeurs, Une histoire de Cendrillon baigne tout entier dans le registre de l’artificiel. Pour ajouter à nos malheurs, le jeu des acteurs ne contribue guère à sauver la donne: Chad Michael Murray (le "prince") arbore constamment un air affligé profondément irritant; et peu importent les efforts fournis, il est vraiment très difficile de compatir aux pseudo-malheurs d’une Hilary Duff au brushing parfait qui donne dans un auto-apitoiement risible. Stéréotypée et ennuyeuse, cette version modernisée ne mérite réellement pas le détour. À moins que l’on tienne vraiment à voir la dépravation profonde qui s’est emparée des habitants du monde enchanté d’il était une fois…

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