Je reste! : Ménage à trois

Redoutable macho, piteux coureur de jupons, vil opportuniste, incomparable nombriliste, accro de Brel et de vélo, Bertrand aime les choses qui ne changent pas. Que fait sa femme Marie-Do? "Elle suit, elle ravitaille, elle masse les bobos. Exaltant!" Mais le jour où elle rencontre dans une salle obscure un scénariste dénommé Antoine: adieu sandwich à l’agneau, rôle de potache, ravitaillement en boissons, voiture-balai! Du jour au lendemain, l’épouse docile met son encombrant mari à la porte, sans autre forme de considération. Ivre de liberté, elle se lance dans une nouvelle vie émancipée, au bras de son amant. Évidemment, l’époux délaissé va tout faire pour la ramener sur le droit chemin…

Mille fois exploité au cinéma, le trio mari-femme-amant de Je reste! tient plutôt bien la route. Vincent Perez quitte sa cape d’aventurier romantique qui lui colle tant à la peau (Au cœur de la tourmente, Je rêvais d’Afrique, Fanfan la Tulipe) pour endosser, avec succès, le manteau du mari exécrable devenant attachant. Touchante et d’un naturel déconcertant, Sophie Marceau donne la réplique à un Charles Berling qui campe parfaitement son personnage d’amant joyeux et spontané.

Malheureusement, au cinéma comme en cuisine, on a beau choisir avec soin les ingrédients, le résultat n’est pas toujours probant. Ainsi, un bon casting ne fait pas forcément un bon film. Diane Kurys (Diabolo menthe, La Baule-Les Pins) en fait la décevante démonstration en signant un neuvième long métrage insipide, sans croustillant, dont le récit traîne en longueur, tourne en rond et manque d’originalité. Il faut dire que le terrain était glissant. Mais dans ce jeu traditionnel du "mari pris qui croyait prendre", on a besoin de beaucoup plus qu’un simple rebondissement basé sur l’amitié mari-amant pour relever le goût d’un scénario convenu et le hisser à la hauteur de ses acteurs.

Enfin, pour se désennuyer, chacun y repérera une multitude de références: la relation tumultueuse de César et Rosalie, la séance d’essayage de Pretty Woman, la frénésie du vélo des Triplettes de Belleville, ou encore le double scénario de Swimming Pool. C’est d’ailleurs ce qui fait que Je reste! ne sera jamais lui-même une référence, mais plutôt l’un de ces nombreux films qui partent rapidement dans un coin de notre tête, celui des oubliettes.

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