Nos meilleures années, vol. 2 : Suite et fin de la saga italienne
Cinéma

Nos meilleures années, vol. 2 : Suite et fin de la saga italienne

Le rideau vient de tomber sur Nos meilleures années, volume 1 et déjà, nous passerions volontiers trois heures de plus avec ces magnifiques personnages que nous offre, avec sincérité, le réalisateur italien Marco Tulio Giordana. Dans cette seconde et dernière partie, les attentes suscitées par la première se révèlent à la hauteur, mais munissez-vous de mouchoirs, cette conclusion remue les cœurs.

Matteo et son frère Nicola vieillissent et, parallèlement, leurs vies se compliquent. Nicola, abandonné par Giulia, partie en fuite d’elle-même avec les terroristes de la Brigade rouge, est désormais seul pour élever sa fille. Matteo, de son côté, est envoyé en mission en Sicile, où sa passion pour la photographie se transforme en un macabre exercice puisqu’il doit y photographier les cadavres des victimes de la mafia. Il fera tout de même une rencontre lumineuse: celle de Mirella qu’il retrouvera quelques années plus tard. Nous revoyons également d’autres personnages croisés dans la première moitié du film, comme Giorgia, ainsi que les copains d’école devenus des intellectuels prospères et à qui nous devons de très beaux moments de discussions sur la politique, sur l’amour, presque à la manière du Déclin de l’empire américain. Finalement, cette fresque italienne se termine habilement en forme de boucle. Nous quittons alors la salle émus, avec le sentiment de laisser derrière nous de vieux amis…

"Pronto!" répond la téléphoniste de l’hôtel où, à Rome, réside Marco Tullio Giordana et d’où le réalisateur a gentiment accepté de répondre à quelques questions. C’était une entreprise plutôt risquée que de sortir un film d’une si longue durée?

"C’était très difficile d’imaginer qu’un film de six heures, en deux parties, puisse avoir un destin en salles. Mais le film a été présenté à Cannes et a eu un grand succès, personne n’a quitté la salle! On a donc eu l’idée de l’essayer en Italie. Le film est sorti un mois après Cannes et a très bien marché. La même chose s’est produite en France. Ça veut dire qu’il faut avoir du courage en proposant au public des films qui ne sont pas stéréotypés, même dans leur durée, car le public est beaucoup plus courageux qu’on ne le pense. Je suis très surpris de voir que le film est très apprécié dans de nombreux pays. Que cette période dans ce petit pays d’Europe réussit à intéresser les gens. Je crois finalement qu’il faut savoir se raconter avec beaucoup de sincérité; ainsi, plus on raconte son intimité, plus il est facile d’être compris."
Est-ce un film qui intéresse la jeunesse italienne?

"J’imaginais que c’était une histoire qui concernait surtout les gens de la génération qui avait 20 ans en 1966, les gens de mon âge! Mais le public du film est surtout un public de jeunes. On n’apprend pas ça à l’école et on ne l’apprend pas en famille. Cette époque des Brigades rouges, c’est une période très dramatique et un peu taboue. Ma génération n’avait pas tellement envie d’en parler."
Les Brigades rouges, par leurs actions violentes, ont-elles tout de même réussi à changer les choses en Italie?

"Absolument pas, la violence n’a jamais rien apporté de bien dans l’histoire. Avec le personnage de Giulia qui n’a pas le temps de tuer, puisqu’elle est arrêtée avant, on voit que cette violence se tourne même contre sa vie, contre sa fille, contre la musique. Elle a perdu non seulement ses illusions, mais son talent, ce qui est une terrible violence contre soi-même. Je pense que la violence à l’égard de quelqu’un est surtout, à l’origine, une violence contre soi-même."
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