La Planque : Les petits débrouillards
Un rêve pour tout cinéaste en devenir. Imaginez: deux jeunes réalisateurs font ensemble, en toute liberté, leur premier long métrage, pratiquement sans aucune aide financière, et voient le fruit de leur labeur pris en main par un important distributeur québécois. Ainsi, le film La Planque de Thierry Gendron et Alexandre Chartrand, distribué par K-Films Amérique, pourra être vu en salle au Cinéma Beaubien, au Clap à Québec, ainsi que dans de nombreuses autres salles en région. Un parcours assez inusité pour un film en forme de huis clos hors du commun.
La Planque raconte l’histoire de deux trafiquants de drogue qui tentent un dernier gros coup: détourner 12 kilos d’héroïne qui devraient normalement transiter par leur patron. Cependant, les choses ne se passent pas comme prévu. La tension monte alors entre les deux voyous, obligés de se cacher momentanément dans une usine désaffectée.
Tourné à l’aide de caméras numériques avec beaucoup de talent par les deux réalisateurs-scénaristes, fort bien joué par Martin Desgagné (Full Blast) et Pierre-Antoine Lasnier (La Vie avec mon père), qui improvisent en majeure partie autour de la trame narrative, le film, sans être parfait, s’avère un efficace et original thriller psychologique. Une agréable surprise qui a piqué notre curiosité.
Rencontrés dans un café, les deux cinéastes sont tout sourire, évidemment satisfaits de la tournure des événements. Au départ, le cheminement était classique: une idée, de la recherche, des demandes de financement. Là, ça a coincé. "Notre projet était trop narratif pour le Conseil des Arts du Canada, et pour la SODEC, il était trop expérimental. On ne rentrait nulle part", affirme sans rancune Alexandre Chartrand. "Puis, on s’est dit: pourquoi on en aurait besoin? poursuit Thierry Gendron. Notre sujet est simple à filmer: seulement deux comédiens, un lieu, de la lumière naturelle, le tout tourné en DV. On s’est dit: let’s go!" Une subvention d’Emploi Québec leur a permis de payer le cachet des comédiens, tandis que Vidéographe leur a donné un coup de main au niveau technique. Une liberté qu’ils ont beaucoup appréciée: "On désirait impliquer le plus possible notre équipe technique, bien qu’elle soit très réduite. Si le preneur de son a une idée, qu’il l’exprime, qu’on en profite! Il n’y avait pas de grosse machine derrière nous. On pouvait s’arrêter pour discuter, ce n’était pas plus long que de déplacer un spot, si on en avait eu un!" affirme Gendron en riant.
Présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois en 2004, le film a obtenu une très forte appréciation du public. "Plein de gens nous disaient: il ne faut pas que vous vous arrêtiez là avec ce film, vous devez continuer!" explique Chartrand. Courageux, ils ont contacté le distributeur de K-Films Amérique, Louis Dussaut, qui a adoré le film. Un coup de téléphone qui résonne encore pour le jeune réalisateur comme "un des beaux matins de ma vie". Il faut dire qu’ils ont sué: le jour à travailler pour payer les comptes et les nuits à faire du montage. "Il reste que de plus en plus de gens vont produire des films de cette façon. Les moyens de production sont désormais à la portée de tous et les gens acquièrent de l’expérience. Je crois, conclut Gendron, que notre film démontre qu’il est possible de faire du cinéma de manière vraiment libre." Pour notre plus grand bonheur.
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