The Village : Promenons-nous dans les bois
Cinéma

The Village : Promenons-nous dans les bois

Dans un petit village cerné par une forêt que l’on dit peuplée d’horribles créatures, vivent dans l’isolement le plus total une cinquantaine d’âmes. Au dire des aînés (dont William Hurt et Sigourney Weaver), ces créatures ne s’attaqueraient jamais aux villageois, à moins qu’un imprudent décide de s’aventurer dans les bois. Mais l’homme étant un loup pour l’homme, un drame surviendra et les habitants devront remettre en question les bases de leur vie paisible.

Après avoir signé avec brio trois drames fantastiques reposant sur une finale abracadabrante (The Sixth Sense , Unbreakable et Signs), M. Night Shyamalan fait montre d’un manque d’inspiration pour The Village, une réalisation classique plus près du conte moralisateur que du thriller haletant. De fait, dans ce village des damnés où les aveugles et les simples d’esprit (saluons au passage les prestations de la jeune Bryce Dallas Howard et d’Adrien Brody) semblent plus avisés que quiconque, les jeunes, hormis le téméraire Lucius Hunt (Joaquin Phoenix), questionnent peu les traditions que perpétuent jalousement leurs parents.

L’on retrouve dans The Village ce qui fait la force de Shyamalan. Ainsi, le cinéaste prodige questionne le destin et le rôle que chacun doit y jouer; tous les éléments qu’il met en place trouvent leur raison d’être selon une logique implacable, ici tirée par les cheveux. Toutefois, le monde qu’il dépeint s’avère encore plus manichéen que dans Signs où l’autre, l’étranger, était représenté par l’envahisseur extra-terrestre. D’un côté, les bonnes gens du village; de l’autre, les méchantes créatures de la nuit. Qu’y a-t-il au-delà de ces bois? Une grande déception pour le spectateur, qui aura tout de même pu savourer l’excellente création d’atmosphère, la photographie soignée de Roger Deakins, reconnu pour son travail avec les frères Coen, et l’envoûtante musique de James Newton Howard, qui collabore une fois de plus avec Shyamalan.

Plus encore que le dénouement prévisible, ce qui choquera le spectateur est la morale ultra-conservatrice qui sous-tend The Village. Alors qu’il faisait l’éloge de la différence dans ses deux premières œuvres et illustrait la paranoïa des Américains (tout en chantant les valeurs traditionnelles et familiales) dans son troisième film, le cinéaste de Philadelphie d’origine indienne nous convie maintenant à célébrer ce que l’on appelle, sans doute à tort, le bon vieux temps.

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