Mes chers voisins : Petits meurtres entre copropriétaires
Cinéma

Mes chers voisins : Petits meurtres entre copropriétaires

Battante agente immobilière à Madrid, Julia Garcia (Carmen Maura) fait visiter à divers intéressés un luxueux appartement du centre-ville dont le prix demandé en repousse plus d’un. Abattue par tant de refus, Julia décide alors de prendre clandestinement possession de l’appartement en question et de s’y installer temporairement avec l’espoir d’oublier un moment l’ordinaire et de relever un tant soit peu sa routine amoureuse. Un soir, en pleins ébats amoureux avec Ricardo (Jesùs Bonilla), le petit ami misérabiliste, Julia remarque un trou dans le plafond duquel émerge une colonie de cafards. À la fois dégoûtée et intriguée, elle découvrira plus tard la mort du voisin de l’étage supérieur; une mort qui remonte assurément à plusieurs semaines. Ce qui, de prime abord, ne semble relever que de l’anecdotique devient l’amorce d’un véritable thriller psychologique lorsque, à sa grande surprise, Julia met la main sur la fortune cachée et, surtout, convoitée du vieil homme décédé. Elle apprendra à ses dépens que cette fortune alimentait depuis quelques années déjà les ambitions de la communauté de copropriétaires qui voient d’un bien mauvais œil qu’une étrangère parvienne aussi facilement à dégoter un trésor qu’ils prétendent leur appartenir de droit.

À apprécier comme une impitoyable comédie noire, Mes chers voisins d’Alex De La Iglesia pose un regard cynique et sanguinolent sur les torts et travers de la cohabitation. Ici, les voisins, tous plus homicides les uns que les autres, partagent plus qu’un immeuble, ils se solidarisent et embrassent sans nuance une cause commune, même si celle-ci relève de l’immonde. Carmen Maura, dont certains se souviendront de ses quelques rôles inoubliables dans les premières œuvres de Pedro Almodovar, porte le film sur ses épaules et garantit à elle seule le succès de celui-ci grâce surtout à un jeu exagéré, à la limite de la caricature, qu’oblige le ton à la fois fantaisiste, burlesque et grotesque du récit. Évidemment, les cris, les poursuites et les invraisemblances concourent tous à un seul résultat, celui d’offrir un thriller tapageur qui s’affranchit de toute subtilité au profit d’une puérilité qui en agacera plus d’un. Proche cousin du Locataire de Polanski, Mes chers voisins n’en possède certes pas la sinistre délicatesse et le climat inquiétant; il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une œuvre efficace, parfois lourdingue, et fort divertissante. De la série B de luxe.

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