Printemps, été, automne, hiver… et printemps : Si on avait besoin d’une cinquième saison
Une large et massive porte de bois parée s’ouvre sur un lac au milieu duquel flotte paisiblement un minuscule monastère bouddhiste. Hors du temps, à l’écart de toute civilisation, vaguant sur des eaux tranquilles et entouré d’une végétation luxuriante, laquelle, dans sa majesté, ne peut que susciter l’humilité, le petit monastère respire une quiétude que viendront bientôt troubler les tourments de la nature humaine. Dans cet endroit isolé du monde, vit, reclus, un vieux moine (OH Young-soo) ainsi qu’un jeune élève dont il a la charge. Au fil du temps et des saisons, ce dernier connaîtra tour à tour les déchirements du regret, les afflictions de l’amour, le désarroi de la haine et les bénéfices de la contrition. Témoin privilégié de ce cycle behavioriste, le vieux moine laissera à son élève la responsabilité de juger de la portée de ses gestes malheureux et de réparer ceux-ci dans la résipiscence et le repentir.
Reposant sur un consciencieux minimalisme auquel on reconnaît un amour du détail et un ardent respect de l’humble nature humaine, Printemps, été, automne, hiver… et printemps de Kim Ki-duk propose une histoire universelle et douce-amère sur la perte de l’innocence et sur les dures épreuves de la vie, de l’amour et du deuil. Ce qui aurait pu s’avérer aisément naïf ou commodément impressionniste relève pourtant dans ce cas-ci d’une pénétrante et éloquente candeur. Divisé en quatre parties, pour autant de saisons, auxquelles s’ajoute une cinquième ayant pour seul dessein d’exprimer l’incessant cycle de la vie, ce neuvième film du très prolifique réalisateur sud-coréen étonne par la profondeur de sa simplicité.
Du jeune élève à l’adulte repenti, du vieux maître à l’amoureuse lubrique, tous les personnages accordent leurs voix dans une touchante et émouvante symphonie de l’âme. Et c’est dans un raffinement tout asiatique que la sensibilité du film glisse continuellement de l’esprit au corps, de la cruauté morale à l’érotisme le plus torride. Porté par la somptuosité placide d’une photographie chargeant d’expressions et d’émotions le moindre cadrage et le plus ordinaire des instants, Printemps, été, automne, hiver… et printemps relève du pur ravissement cinématographique en ce qu’il évoque avec délicatesse et sans artifice aucun l’éternel retour des vicissitudes de l’homme. Du grand cinéma humaniste comme il s’en fait trop peu.
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