Bed and Breakfast (Bienvenue au gîte) : Chassez le naturel…
Cinéma

Bed and Breakfast (Bienvenue au gîte) : Chassez le naturel…

Quand le Jean-Jacques Rousseau qui sommeille en chaque être se met à donner de la voix, toute tentative pour lui imposer le silence se révèle bien souvent infructueuse. Le citadin le plus acharné se surprend soudain à rêver de plaines de pétunias sauvages et la fashion victim pure et dure commence à garnir frénétiquement sa garde-robe de tissus à carreaux et à imprimés fleuris. Lorsque le Sacré-Cœur ne semble plus être qu’un obstacle aux rayons du soleil, quand la Seine rebute plus qu’elle ne fascine et que même la tour Eiffel prend des airs de dépotoir métallique, il est temps de changer de vie… et vite! Mais attention: ce n’est pas toujours avec les bras grands ouverts que Dame Nature accueille les urbains en rédemption…

Deux ans après le succès-surprise remporté par Filles perdues, cheveux gras, Claude Duty et Marina Foïs reprennent leurs postes respectifs de chaque côté de la caméra, lui derrière, elle devant. Ayant essuyé un accueil plutôt froid chez les cousins français en septembre dernier, Bienvenue au gîte arrive au Québec sous le titre très francophone (sic) de Bed and Breakfast, prouvant une fois de plus qu’au rayon de l’humour, la caricature du milieu bourgeois parisien demeure la denrée importable par excellence.

Échappant de justesse à la parodie facile et au cliché dégradant grâce à un solide jeu d’acteurs, le film dépeint les conséquences néfastes que peut avoir le grand air sur un organisme humain dont même l’esprit a été contaminé par les vapeurs toxiques de la grande ville. N’ayant pas prévu que l’hypocrisie, le stress et les jeux de pouvoir sont aussi répandus dans les fiefs verdoyants que dans les cités de bitume, le couple que forment Caroline (excellente Marina Foïs) et Bertrand (attachant Philippe Harel) apprendra à ses dépens que certains traits de caractère ne peuvent être balayés par une simple brise purifiante.

Alors que le premier camouflait sous des airs enjoués une trame dramatique intense, ce second long métrage de Duty ne dépasse guère la frontière du divertissement sympathique. Parsemé de situations cocasses et de quelques répliques mordantes, Bed and Breakfast (merci à la loi 101 pour ce titre made in Québec) suffira à satisfaire le campagnard en vous, mais décevra peut-être le cinéphile avide de chefs-d’œuvre…

Voir calendrier Cinéma Exclusivités