Collateral : L.A. la nuit
Cinéma

Collateral : L.A. la nuit

En dépit de ses nombreuses invraisemblances, dont nous vous épargnerons l’interminable liste, Collateral de Michael Mann (The Last of the Mohicans, Heat), réalisateur maniéré s’il en est un, comporte quelques passages planants où deux hommes issus d’univers parallèles dissertent sur la vie et la mort. Qui plus est, l’on y découvre une autre facette de Tom Cruise, dont on avait eu un avant-goût dans Interview With a Vampire, de Neil Jordan, où il s’amusait à jouer les vampires peu scrupuleux.

De fait, le beau Tom, cheveux gris, œil cerné et complet terne (une transformation qui n’est pas sans rappeler celle de Russell Crowe dans l’extraordinaire The Insider du même réalisateur), range enfin au vestiaire son rôle de bon gars afin d’endosser avec une conviction réjouissante celui d’un tueur à gages cynique, pour notre plus grand plaisir et assurément le sien. À son côté, Jaimie Foxx, que l’on verra bientôt dans la peau du légendaire Ray Charles chez Taylor Hackford (Ray), tire très bien son épingle du jeu en incarnant un sympathique chauffeur de taxi – si craquant qu’une belle avocate (Jada Pinkett Smith) ne pourra résister à la tentation de lui remettre sa carte de visite… – qui fait monter à son bord ledit tueur à gages chargé d’éliminer cinq témoins à un procès contre un trafiquant de drogues.

Reprenant un style à la fois musclé et léché qu’il cultive habilement depuis l’époque déjà lointaine de Miami Vice, certains crieront à la complaisance, le réalisateur d’Ali nous convie à un envoûtant périple de nuit dans les rues de Los Angeles. Ville si inhumaine, au dire du tueur professionnel, que l’on peut y rendre l’âme sans qu’aucun passant n’y prête attention. Ce fait expliquerait-il qu’un taxi puisse rouler la nuit le pare-brise en mille morceaux et maculé de sang? On a beau être au cinéma, il faut tout de même conserver une certaine logique! Comme si cela ne suffisait pas à excéder le plus patient des cinéphiles, Mann accumule les scènes gratuites, dont certaines ne servent tout juste qu’à mettre en valeur les talents de Javier Bardem et d’Irma P. Hall, la délicieuse vieille dame de The Ladykillers des frères Coen. Enfin, malgré des plages musicales où L.A. nous apparaît tantôt fiévreuse, tantôt mélancolique, la route aura été beaucoup trop longue.

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