We Don’t Live Here Anymore : Maris, amis, amants
Adaptation de deux nouvelles d’André Dubus, dont le texte Killings est devenu à l’écran In the Bedroom de Todd Field, We Don’t Live Here Anymore de John Curran (Praise) illustre avec intelligence la remise en question de deux couples d’amis alors qu’ils commettent l’adultère. Quatre individus qui découvriront que l’amour survit difficilement au temps qui passe, malgré tous les efforts qu’ils ont faits pour préserver la passion des premiers jours. Meilleur ami de Hank (Peter Krause), Jack (Mark Ruffalo) vit une liaison de plus en plus accaparante avec Edith (Naomi Watts), la femme de Hank, lequel aura une brève aventure avec Terry (Laura Dern), mariée à Jack.
Écrit avec une rare sensibilité – le scénario a d’ailleurs été couronné à Sundance cette année -, We Don’t Live Here Anymore livre sur la monogamie un constat sombre, quoique non dénué d’humour, que les romantiques purs et durs risquent de trouver difficile à accepter, même si Dubus n’a pas l’esprit aussi féroce qu’Edward Albee (Who’s Afraid of Virginia Woolf). Alors que la nouvelle We Don’t Live Here Anymore adoptait le point de vue de Jack et Adultery, celui d’Edith repassant en revue sa liaison avec Jack, le scénariste Larry Gross a préféré donner la parole aux quatre personnages, de manière à ne pas prendre position et à laisser place à la réflexion; une décision qui l’honore. Seule chose qui vient titiller l’esprit: le fait demeure que les deux épouses, l’une parfaite ménagère, l’autre incapable de faire régner l’ordre au foyer, sont confinées à la maison; il est vrai que les nouvelles datent des années 1970…
Reposant sur une mise en scène intimiste, propice à quelques scènes d’amour sensuelles, We Don’t Live Here Anymore bénéficie d’une trame sonore aux accents nostalgiques et d’une photographie sombre de Maryse Alberti (Velvet Goldmine), qui confèrent à l’ensemble un aspect intemporel. Vedette de la remarquable télésérie Six Feet Under, Peter Krause trouve enfin son premier rôle important au cinéma, rôle qu’il rend avec une belle conviction, tandis que Mark Ruffalo incarne à la perfection l’homme trop lâche pour assumer pleinement ses actes. Dans le rôle ingrat de la femme trompée, Laura Dern s’avère déchirante. Égale à elle-même, Naomi Watts crève l’écran, passant aisément d’une émotion extrême à l’autre. Une fort belle réussite.
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