Code 46 : Liaison dangereuse
Sixième collaboration entre le réalisateur Michael Winterbottom et le scénariste Frank Cottrell Boyce, qui ont notamment signé le western The Claim / Le maître de Kingdom Come et la chronique 24 Hour Party People, Code 46 présente la vision peu rassurante d’un futur pas si lointain où les villes sont si surpeuplées que l’on doit se prémunir d’un visa spécial, combinant passeport et police d’assurance, pour y habiter et ainsi ne pas être condamné à vivre dans les régions ravagées par le réchauffement de la planète. Plus grave encore, le clonage humain a tant été exploité que les autorités doivent contrôler les grossesses afin de contrer les unions incestueuses. De fait, deux personnes partageant plus de 25% de gènes ne peuvent s’unir puisque cela entraînerait un bris du code 46.
Dans cet univers dégénéré que Winterbottom illustre avec une certaine somptuosité, à des lieues cependant du style futuro-gothique de Blade Runner, évolue William Geld (Tim Robbins), parti de Seattle pour enquêter sur le marché noir de faux visas à Shanghai; il y fera la rencontre de Maria Gonzales (Samantha Morton) avec qui il vivra une aventure d’un soir bien qu’il aura découvert que la jeune femme fabrique ces faux papiers. À l’instar du Solaris de Tarkovsky, Code 46 repose sur un récit où les sentiments ont prépondérance sur la technologie, bien que celle-ci gère la vie humaine.
Bien que les frontières du monde soient davantage surveillées, la planète apparaît plus que jamais comme un "village global" dans Code 46. Pour accentuer cet effet, outre une distribution multiethnique, parmi laquelle se retrouvent, entre autres, la Française Jeanne Balibar et l’Indien Om Puri, l’anglais parlé à travers le monde est truffé d’espagnol, d’italien et de français – effet, avouons-le, quelque peu agaçant.
Porté par une atmosphère langoureuse et mélancolique, Code 46 ne s’embarrasse pas longtemps de son message alarmiste sur les manipulations du code génétique et sur la faible conscience écologique de l’homme afin de raconter une histoire d’amour impossible mais néanmoins classique que narre la protagoniste. On se surprendra toutefois de l’interprétation détachée de Robbins et de Morton, censés être éperdument amoureux l’un de l’autre. Enfin, si l’on réussit à se laisser emporter par son rythme léthargique, Code 46 s’avérera un voyage envoûtant vers le futur.
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