Premières récoltes – 28e édition du Festival des Films du Monde de Montréal : Premières récoltes
Pas de chefs-d’œuvre ni de désastres en vue, mais bon nombre de films honnêtes et sympas susceptibles de répondre à tous les goûts. Ça commence pas si mal!
Que voir durant cette première semaine de festival? On dit beaucoup de bien de Vénus et Fleur d’Emmanuel Mouret, une comédie à la Rohmer très remarquée à la Quinzaine des réalisateurs cette année. Aussi, on voudra voir le dernier Theo Angelopoulos (Eleni – La terre qui pleure), de retour après cinq ans d’absence. Du côté documentaire, Ouvrez l’œil, réalisé par Marie-Julie Dallaire et Bernar Hébert, qui traite de l’importance du cinéma dans l’évolution sociale, pique notre curiosité. Par ailleurs, le documentaire de Jean-Claude Labrecque, Jeux de la XXIe Olympiade, de 1976, sera projeté en plein air, de même que des classiques de Fellini, Kubrick et Visconti, à l’Esplanade de la Place des Arts.
Head in the Clouds (Canada)
De John Duigan, l’ascension et la déchéance d’une belle photographe de mode (Charlize Theron) à Paris dans les années 30 et 40. Intrigue feuilletonesque, illustration somptueuse et direction artistique soignée. Avec Karine Vanasse en courageuse résistante et David LaHaye en séducteur sadomaso, avec accent français of course. (MD)
Rangesh Eshgh / La Couleur de l’amour (États-Unis / Iran)
Ce premier film documentaire de la jeune cinéaste iranienne Maryam Keshavarz traite de l’évolution des mœurs amoureuses en Iran et du fossé qui se creuse entre les nouvelles générations, qui représentent 72 % de la population, et les traditions conservatrices de leurs aînés. Lors de la fête religieuse d’Ashura, la réalisatrice suit différents couples et personnages issus de sa famille qui livrent leur vision de l’amour. Bien que le sujet soit fascinant, la réalisation présente de nombreuses faiblesses. Somme toute, il s’agit d’un regard tendre et pertinent à l’intérieur d’une culture en mouvance rarement dévoilée. (VQ)
La Vida que te espera / La Vie qui t’attend (Espagne)
Manuel Gutierez Aragon (El Caballero Don Quijote) propose une histoire d’amour entre une jeune fermière et un coiffeur qui ignore qu’elle est la fille de l’assassin de son père. Récit sans grand intérêt, progression boiteuse et revirements maladroits. Restent des personnages pittoresques, quoique peu crédibles. Tout ça pour une vache prénommée Vanessa… (MD)
Vipère au poing (France)
Adaptation du populaire roman à saveur autobiographique d’Hervé Bazin, Vipère au poing de Philippe de Broca retrace l’enfance difficile de Jean Rezeau aux prises avec une mère tyrannique. De facture classique, l’ensemble s’avère charmant malgré les effets de style un peu trop appuyés empruntés au cinéma d’horreur. Le jeune Jules Sitruk confirme son talent et Catherine Frot en fait des tonnes dans le rôle de la monstrueuse mère. (MD)
Everyone (Canada)
À quelques heures de son mariage, un couple gay remet en question son amour. Plus près de la vidéo familiale que du cinéma, cette production indépendante du Vancouvérois Bill Merchant ravit par sa galerie de personnages tous plus névrosés les uns que les autres. (MD)
Metallic Blues (Canada / Israël / Allemagne)
Après avoir acheté une limousine de collection à un Arabe ayant vécu au Canada, deux israélites se rendent en Allemagne pour la revendre. Road movie picaresque d’une simplicité désarmante dans lequel Danny Verete évoque en filigrane les traumatismes liés à la guerre chez les juifs. (MD)
Leon y Olvido (Espagne)
Leon, un jeune trisomique qui supporte mal de vivre éloigné de sa sœur jumelle, Olvido, s’évertue à faire de ses séjours en institution d’accueil un véritable enfer pour ses hôtes. Aussi Léon est-il continuellement expulsé de ces établissements, et Olvido est-elle constamment dans l’obligation de le prendre sous son aile, malgré les concessions que cela implique. Partageant son temps entre un frère exigeant, des emplois minables et un amoureux languissant, Olvido ne rêve que de liberté et de fratricide. Xavier Bermudez trace ici, avec un fond ironique de bon aloi, le portrait réaliste d’une relation familiale difficile. Un film simple pour un sujet qui ne l’est pas. (RB)
Gente Di Roma (Italie)
À cent lieues des pérégrinations fantasmatiques et profondément métaphoriques du Roma de Fellini, Gente di Roma d’Ettore Scola, malgré un amateurisme certain, n’en désire pas moins la même chose: rendre hommage à cette ville, ses quartiers, ses jeunes et ses vieux. Hésitant constamment entre le désir de fiction et celui du documentaire, Scola promène sa caméra, bien que trop maladroitement parfois, de villes en périphéries, de concerts en manifestations et de chômeurs en curés. Si le seul souci du célébrissime réalisateur italien est d’offrir de la capitale aux mille visages un regard panoramique dilettantiste, la mission est, à peu de maladresses près, réussie. (RB)
Marmoulak / Le Lézard (Iran)
De Kamal Tabrizi (L’Amour maternel), Marmoulak raconte les tribulations d’un cambrioleur, surnommé "Le Lézard" en raison de son agilité à escalader les murs, qui s’échappe de prison en volant les habits d’un mullah. Peu après, le faux prêtre est pris pour un saint par les gens du village où il trouve refuge. Délicieuse suite de quiproquos délirants, ce film fut malheureusement interdit en Iran quelque temps après sa sortie, les autorités l’ayant jugé peu respectueux envers la religion. (MD)
Nachbarinnen / Recherchée! (Allemagne)
Croyant avoir tué son patron, Jola, une Polonaise résidant en Allemagne, se réfugie chez sa voisine Dora, qui se remet à peine de sa séparation. Contre toute attente, les deux femmes aux caractères opposés se lient d’amitié. À tel point que Dora fera tout pour retenir Jola chez elle. Filmé sans imagination – on se croirait par moments dans un téléroman -, ce premier long métrage de Franziska Meletzky réussit à capter l’attention grâce au jeu des actrices. (MD)
La Spettatrice (Italie)
Valeria, une jeune traductrice vivant à Turin, est fascinée par son voisin Massimo, qu’elle ne cesse d’épier. Quand celui-ci déménage à Rome, elle laisse tout tomber pour le suivre. Elle s’immisce alors dans sa vie en devenant l’assistante de Flavia, une veuve que Massimo fréquente. Valeria fait partie de ces personnes qui préfèrent regarder leur vie sans jamais se mouiller, toujours en retrait. Elle est incarnée par Barbara Bobulova qui nous rend le personnage très difficile à saisir, tant et si bien qu’il finit par nous agacer. Le récit quant à lui, prometteur dans la première moitié de ce film de Paolo Franchi, n’atteint malheureusement jamais la profondeur souhaitée. (VQ)
Je t’aime… moi non plus (France)
De passage à Cannes, caméra au poing, l’actrice Maria de Medeiros interroge d’illustres réalisateurs (Almodovar, Egoyan, Wenders) et critiques de cinéma (Frodon, Kaganski, Béhar) afin de sonder cette belle histoire d’amour impossible entre des êtres que seul l’amour du cinéma réunit. Anecdotes craquantes, propos allumés et présomptions fastidieuses. Si vous croyez que les journalistes d’ici sont chiants, vous n’avez rien vu à Hiroshima! Instructif et révélateur. (MD)
Cachorro / Bear Cub (Espagne)
Un dentiste homosexuel se voit confier la garde de son jeune neveu lorsque sa sœur hippie part voyager en Inde. Alors que l’homme et l’enfant commencent à s’attacher l’un à l’autre, ils apprennent que la voyageuse a été arrêtée pour possession de drogues. Entre alors en scène la grand-mère paternelle du gamin qui risque de briser l’harmonie de la nouvelle famille recomposée. Incluant des scènes d’amour corsées, cette charmante chronique familiale de Miguel Albaladejo (Rencor), mettant en scène d’attachants personnages gay de type cuir, fait la part belle aux émotions sincères et à un humour queer irrésistible. (MD)
Maarek Hob / Dans les champs de bataille (France / Belgique / Liban)
À Beyrouth, au début des années 80, la petite Lina a 12 ans, une mère enceinte et dépressive ainsi qu’un papa qui flambe tout leur argent aux cartes. Les autres membres de cette famille de classe moyenne ne sont pas plus réjouissants. Pour respirer un peu, Lina s’est liée d’amitié avec Siham, la bonne au service de sa vieille tante acariâtre. Quoique bien réalisé par Danielle Arbid, une documentariste qui signe ici son premier long métrage de fiction, le film souffre d’un scénario plutôt mince et nous laisse finalement indifférent. (VQ)
Jusqu’au 6 septembre. www.ffm-montreal.org