Baadasssss! : Black is beautiful
Avec Baadasssss!, Mario Van Peebles rend hommage à son père Melvin, l’un des pionniers du cinéma indépendant afro-américain et père illégitime de la blaxploitation.
En 1968, Melvin Van Peebles tourne en France The Story of a Three-Day Pass, intrigue amoureuse entre un soldat afro-américain et une Parisienne sur fond de préjugés raciaux, qui marquera un moment dans l’histoire du cinéma: pour la première fois, un cinéaste noir remporte un prix prestigieux, le Grand Prix du Festival des films de San Francisco – Van Peebles y représentait toutefois la France. Fort de ce prix, il poursuit sur sa lancée avec Watermelon Man, comédie plutôt banale mettant en scène un Blanc qui se réveille un matin dans la peau d’un Noir. Mais lorsqu’il veut réaliser son troisième film, un coup de pied au cul de l’homme blanc qui ne véhiculerait pas de clichés de l’homme noir, Van Peebles se heurte au refus des producteurs.
Ayant été témoin des déboires de son père, Mario Van Peebles (Panther, Posse) relate sans complaisance les conditions difficiles dans lesquelles s’est tourné Sweet Sweetback’s Baadasssss Song. Groovant au son de la musique d’Earth, Wind and Fire, Baadasssss!, ou si vous préférez How to Get the Man’s Foot Outta Your Ass!, prend la forme hybride de la fiction et du faux documentaire, c’est-à-dire que chaque intervenant est personnifié par un acteur. Un choix contestable, car lorsque apparaissent à la toute fin les réels témoins du temps, l’on regrette que fiston Van Peebles n’ait pas tourné un vrai documentaire. D’autant plus que Van Peebles père, qui apparaît fièrement au dernier plan, semble n’avoir rien perdu de sa superbe.
Heureusement, le Cinéma du Parc a eu la bonne idée d’inclure dans sa programmation Sweet Sweetback’s Baadasssss Song. Ayant connu contre toute attente un succès phénoménal, Sweetback fut à l’origine de Foxy Brown avec Pam Grier, que Quentin Tarantino allait faire ressusciter avec brio dans Jackie Brown une vingtaine d’années plus tard, et, mieux réussie sur tous les plans, la série de films Shaft, qui allait faire de l’acteur Richard Roundtree et du musicien Isaac Hayes les figures de proue de la blaxploitation, genre ironiquement créé par les Blancs devant l’engouement pour l’œuvre de Van Peebles.
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