FFM : Dernières prises
Cinéma

FFM : Dernières prises

Le FFM se termine le 6 septembre. Malgré quelques agréables surprises, cette 28e édition se révèle plutôt tiède… et le public, de plus en plus clairsemé. Dur, dur d’être cinéphile.

About Bagdad (Irak / États-Unis)
Formé d’activistes politiques principalement issus du Moyen-Orient, InCounter Productions signe ici son premier long métrage documentaire. Des intertitres nous préviennent: la structure du film est chaotique afin de représenter l’état mental actuel des Irakiens. En effet, ça part un peu dans tous les sens. Après trois guerres, des Irakiens, toutes classes sociales et allégeances confondues, parlent désormais ouvertement de Saddam, des Américains, du pouvoir et de leurs espoirs. Pas dénué d’intérêt, mais on n’y apprend rien de vraiment nouveau. (V.Q.)

Around the Bend (États-Unis)
Urne à la main, trois hommes d’une même famille effectuent un rituel funéraire peu ordinaire. Les restaurants PFK tenant lieu de chapelles, ils sillonnent les autoroutes américaines, s’arrêtant pour grignoter, disperser les cendres et régler leurs différends. Débutant dans le métier, Jordan Roberts dirige d’une main de maître les talentueux Josh Lucas et Jonah Bobo, ainsi que les vétérans Christopher Walken et Michael Caine, dans ce road movie cocasse et émouvant. Une ode touchante à la parenté, au pardon et… au colonel Sanders. (N.W.)

Chain (États-Unis)
Naviguant admirablement entre la fiction, le documentaire et le cinéma expérimental, Chain de Jem Cohen exprime la profonde dépersonnalisation du milieu urbain qu’entraîne la commercialisation à outrance de celui-ci. Au travers le récit de deux femmes, une jeune itinérante et une femme d’affaires, Cohen dépeint le désenchantement et la désillusion que suscitent ces tristes paysages faits de béton, d’enseignes lumineuses et de stationnements infinis. Ne s’embarrassant d’aucune convention narrative, Chain s’avère une œuvre remarquable presque exclusivement faite d’images et d’allusions. Évocateur. (R.B.)

Les Choristes (France)
Ah, ces histoires d’écoliers indomptables qui, sous la tutelle d’un professeur excentrique, deviennent soudain de gentils petits génies…! Après Robin Williams et Julia Roberts, voici que Gérard Jugnot choisit de se mesurer à une classe d’élèves rebelles et insupportables. Comment le célèbre acteur parviendra-t-il à dompter ces adversaires jugés irrécupérables, petits en taille, mais regorgeant néanmoins de violence? Suspense…Un petit film gentil signé Christophe Barratier qui fera sourire les émotifs et grimacer les cyniques. (N.W.)

Dealer (Hongrie)
C’est dans une lenteur quasi irritante et avec une froideur glaciale que ce film du jeune réalisateur Benedek Fliegauf raconte l’interminable journée d’un dealer engagé dans la déchéance d’autrui et impliqué bien malgré lui dans les drames humains qu’il a lui-même occasionnés. Qu’elle parcoure langoureusement l’espace évidé de la ville, la chambre sombre d’un jeune accro ou encore le paysage sans âme de la banlieue, la caméra de Fliegauf réussit toujours à énoncer avec justesse et mélancolie l’intime décadence qui ronge notre monde occidental. Puissant. (R.B.)

Dear Frankie (États-Unis / Royaume-Uni)
Pour voir Dear Frankie, troquer son combo pop-corn/Coke Diète contre un duo Kleenex/mascara waterproof n’est pas une option, mais bien une nécessité. Dans son premier long métrage, Shona Auerbach relate les déboires d’une mère célibataire qui, plutôt que de révéler à son fils atteint de surdité que son père est un homme violent, lui raconte qu’il est marin au long cours. Souvent touchant, fréquemment larmoyant, ce film semble avoir pour pari d’ébranler les cœurs de pierre les plus tenaces. (N.W.)

Die Mitte / Le Centre (Allemagne)
Où se trouve le centre de l’Europe? C’est la question que pose à bon nombre de gens, en autant de différents lieux, le cinéaste documentariste d’origine polonaise Stanislaw Mucha. Rencontrant des touristes, des habitants, des originaux ainsi que d’extravagants utopistes, Mucha réussit avec humour, quoique avec un brin de démagogie, à dépeindre une nouvelle Europe à la géographie fuyante et à l’identité s’épuisant dans des limites sentimentales et chauvines qu’elle est dorénavant incapable de circonscrire. Amusant. (R.B.)

Fracture (Nouvelle-Zélande)
L’histoire commence par un cambriolage raté, puis se poursuit avec les méandres familiaux de la victime et du jeune malfrat. Ces deux familles complètement différentes vont pourtant, sans le savoir, le temps de s’habituer à une fracture paralysante, être liées. Des liens qui s’étaient érodés vont alors se reformer. Réalisée par Larry Parr, cette charmante chronique tragicomique, aux personnages parfois disjonctés, révèle l’excellente et jeune comédienne Kate Elliot. Si vous ne craignez pas l’accent néo-zélandais… (V.Q.)

O Outro da rua / L’Autre côté de la rue (Brésil)
Sexagénaire pimpante, Regine (exquise et attachante Fernanda Montenegro) travaille comme indicatrice pour la police dans l’espoir de se rendre utile. Croyant avoir vu son voisin tuer sa femme, elle poursuit sa petite enquête, bien que l’affaire soit classée. Contre toute attente, le nouveau veuf s’intéresse à sa voisine curieuse. Avec pudeur et un humour mordant, Marcos Bernstein raconte une romance comme on en voit trop peu au cinéma, tout en dénonçant la société qui néglige ses aînés. (M.D.)

Pinochet et ses trois généraux (France)
À l’heure où l’ancien président Pinochet est sur le point de devoir s’expliquer devant la justice chilienne, ce documentaire tombe à pic. En 1977, Jose Maria Berzosa a pu approcher le général et sa junte militaire. Accompagnés de leur femme, tous livrent leur vision du bonheur, leurs goûts artistiques et autres confidences (souvent ineptes). Dommage que ces très longues entrevues prennent plus de place que les commentaires ironiques en voix off. Un film à valeur d’archives qui s’adresse aux connaisseurs. (V.Q.)

La Rivincita di Natale / La Revanche de Noël (Italie)
Trahisons, magouilles et faces de poker sont au menu de cette comédie dramatique de Pupi Avato (Le Cœur ailleurs) où un riche propriétaire de salles de cinéma retrouve ses anciens partenaires de jeu pour se venger d’une partie l’ayant pratiquement ruiné. À moins d’être grand amateur de poker, rien ne vous intéressera dans ce film ennuyeux où cinq "bougons" s’échangent vacheries et regards meurtriers au-dessus de leurs cartes. Il y a toutefois quelques rebondissements inattendus. (M.D.)

Steve + Sky (Belgique)
Oubliez les beautés de la Grand-Place de Bruxelles, car c’est une Belgique flamande et glauque que nous présente le jeune réalisateur de 27 ans Felix van Groeningen. Après sa sortie de prison, Steve travaille dans le club de danseuses de Jean-Claude, connu derrière les barreaux. Il y fait la rencontre de Sky, une superbe fille habillée comme une rock star qui tombe éperdument amoureuse de lui. Le scénario est mince, pourtant tout semble compliqué dans ce film romantico-trash. (V.Q.)

Waiting for the First Train / Le Premier train (Corée du Sud)
Derrière l’histoire en apparence simple d’un père autoritaire, d’une mère dévouée et victime d’une étouffante société patriarcale et de trois enfants qui ne partagent pas les mêmes parents, se dessine le récit d’une Corée du Sud à l’aube de valeurs familiales modernes. Tourné en une vidéo de qualité exceptionnelle et appuyé par une musique aux forts accents mélodramatiques, Waiting for the First Train de Wonik Lee aurait facilement pu sombrer dans la dramatique télévisuelle si ce n’était du scénario et du jeu d’acteurs qui font de ce film une œuvre cinématographique sensible et émouvante. Surprenant. (R.B.)

Zwischen nacht und tag / Entre nuit et jour (Allemagne)
Voilà une belle surprise! Un film envoûtant, original, magnifiquement filmé et interprété par d’excellents comédiens. Chauffeur de métro tout à fait banal, Achim voit sa vie basculer lorsqu’une jeune femme se jette devant le train qu’il conduit. Il la reverra souvent, d’abord par hasard, puis une complicité s’installera entre eux, au détriment de ses relations avec les vivants. Signant son premier long métrage de fiction, Nicolai Rohde a réalisé une œuvre pleine de mystère, d’émotions et de finesse. (V.Q.)

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