Comment conquérir l’Amérique en une nuit : Comment voir un film sans se fatiguer

L’écrivain Dany Laferrière délaisse un instant sa plume et tente de conquérir le cinéma en un film.

Chauffeur de taxi à Montréal depuis plus de vingt ans, Fanfan (Maka Kotto) reçoit un jour la visite de Gégé (Michel Mpambara) dont l’unique souci est de conquérir la blonde Amérique. Hormis la joie de se retrouver à quarante sous zéro, les deux Haïtiens constatent en outre le fossé existant entre leur conception de l’Amérique, de la femme et du gaspillage. Et c’est à la suite d’un bon repas exotique en compagnie de deux voisines québécoises tout aussi exotiques (Sophie Faucher et Sonia Vachon) que Fanfan entreprendra de tourner la page sur cette vie à laquelle il ne s’est jamais vraiment habitué. Pour Gégé toutefois, c’est le prologue à une conquête qui, visiblement, ne se déroulera pas qu’en une nuit.

Comment conquérir l’Amérique en une nuit nous propose une histoire niaise et prévisible dans un récit maladroit et assommant. Les premières minutes du film nous promettent pourtant du rire et du contenu, voire du réquisitoire, à satiété. Or, très rapidement, les clichés et lieux communs s’enchaînent, les personnages sans aucune nuance agacent et les scènes vaudevillesques s’allongent sans raison. Sans contredit, il faut bien reconnaître que l’intention du cinéaste est bonne et le message du film pertinent. Mais il s’agit également, et surtout, de cinéma. Aussi, ne faut-il pas commettre l’erreur de confondre la désinvolture du propos et l’éparpillement du langage. Dans ce cas-ci, le langage cinématographique ressemble à un taxi qui s’égare. La destination est peut-être bonne, il s’avère, par contre, que le détour est insupportable.

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