Bukowski: Born into this : Bukowski, l’homme
Bukowski: Born into this, un documentaire qui creuse loin derrière le mythe Bukowski, le roi de la défonce.
Le nom de Bukowski évoque surtout en nous un alcoolique au dernier degré, un monstre immense, vulgaire et dégueulasse. Bukowski: Born into this remet ces jugements en perspective. Pour les fans, voilà un vibrant hommage et pour les autres, une porte grande ouverte sur son univers trouble. Peu importe à quel groupe l’on appartient, le film possède un immense pouvoir de fascination. Par le biais d’une quantité impressionnante d’archives fort bien présentées, ainsi que de touchantes entrevues avec des proches et des artistes comme Sean Penn, Tom Waits, Harry Dean Stanton (pour qui Charles "Hank" Bukowski fut non seulement une grande inspiration, mais également un ami), le film retrace la vie du poète, mort à l’âge de 74 ans (une force de la nature!) en 1994, et nous le présente comme un être humain sensible doublé d’un magnifique artiste. Cet auteur prolifique écrivait de trois à cinq poèmes par nuit alors qu’il était employé des postes le jour. Battu par son père dès l’enfance, il sonda son âme torturée et donna une voix à l’Amérique désillusionnée. Son ennemi juré: Mickey Mouse. "Le message américain du "soyez heureux, ne pensez pas trop et distrayez-vous en consommant" n’était vraiment pas le sien", explique le réalisateur du film John Dullaghan, joint à Los Angeles. "C’est douloureux de réfléchir profondément et il y a mille et une façons de se distraire de cette quête de vérité. Bukowski vécut toute sa vie dans la quête de vérité. Il était une sorte de missile lancé au cœur de la noirceur. C’est là qu’il trouvait sa délivrance."
John Dullaghan n’avait jamais fait de films auparavant. Concepteur publicitaire reconnu (entre autres pour des publicités d’Apple Computer), il entra à l’urgence l’année du décès du poète épuisé par des heures interminables de travail. Lors de sa convalescence, il lit Post office de Charles Bukowski: une révélation. "Ce livre était le miroir de ce que je vivais et me permit de regarder la vie d’une nouvelle façon. Je crois que j’étais prêt à entendre la vérité." Il décide alors de quitter le monde publicitaire et de se consacrer à l’écrivain. Sept ans et 150 entrevues plus tard, son film voit le jour. Très inquiet de perdre le contrôle sur son travail, Dullaghan refusa toute subvention. "Des fonds provenant de la télévision auraient pu être investis, mais je sentais que si j’acceptais l’argent, on allait vouloir que j’exploite le côté sensationnaliste du sujet: l’alcool, les putes, le sexe. Toutes ces choses qui vendent et qui ont déjà été dites sur Bukowski. Je sentais que j’avais une énorme responsabilité envers lui et j’ai tenté de lui rendre justice le plus possible." Son film, il le perçoit finalement comme un complément au travail de Bukowski ainsi qu’une introduction à son œuvre, surtout pour les jeunes. "Bukowski est une voix de rébellion, il trouve ainsi une grande résonance dans chaque jeune génération. Il est toujours là, il les attend… et c’est merveilleux!" de conclure le réalisateur.
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