Mon fils sera Arménien : Souvenirs d’Arménie
Mon fils sera Arménien est un documentaire touchant sur la quête de la douloureuse identité arménienne.
Entre 1915 et 1923, les Turcs massacrèrent un million et demi d’Arméniens lors de ce qui fut considéré comme le premier génocide du 20e siècle. Pourtant, il n’est toujours pas reconnu comme tel par la communauté internationale, trop désireuse de ne pas perdre ses bonnes relations économiques avec la puissante Turquie. Aujourd’hui, les Arméniens sont près de quatre millions en Arménie et autant sont dispersés à travers le monde. Une diaspora où le pays d’origine fait figure de mythe, de douloureux souvenir ou de brouillard.
Le réalisateur Hagop Goudsouzian a voulu retourner en Arménie accompagné de cinq compatriotes: l’artiste Lousnak Abdalian, les jeunes filles Gabriella Djerrahian et Martine Batani, le professeur d’architecture né en Turquie Garo Shamilian et l’animateur télé Patrick Masbourian. Leur but premier était de traverser le désert de Syrie en marchant sur les traces des déportés, mais les autorités syriennes refusèrent le visa à l’équipe qui fut forcée de modifier ses plans. Ce voyage initiatique les mena finalement à parcourir l’Arménie, recueillant les témoignages des derniers survivants des massacres, visitant les villes, les monuments commémoratifs et les cimetières. Malgré quelques maladresses, dont une structure un peu brouillonne et un traitement parfois trop télévisuel, le film atteint souvent de très beaux moments d’émotion. Les souvenirs déchirants des centenaires ponctués des réflexions sensibles des cinq Arméniens d’origine créent un pont entre l’histoire arménienne et les générations de la diaspora, parfois coupée de ses racines. La jeune Martine Batani, qui au départ se percevait comme une Québécoise, se met soudainement à parler au "nous" lorsqu’elle évoque les Arméniens. Patrick Masbourian, malheureux de ne pas parler la langue de ses ancêtres, fait le voyage avec les cendres de son grand-père, lui qui avait toujours rêvé de revoir son pays de son vivant. Le présent rencontre le passé afin de le transcender et ainsi continuer à vivre avec cet héritage riche, mais combien lourd de l’Arménie. Un beau film sur la quête identitaire, la mémoire, le deuil et le drame toujours non résolu de ce tout petit pays.
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