Riding Giants de Stacy Peralta : Vague d'ennui
Cinéma

Riding Giants de Stacy Peralta : Vague d’ennui

Riding Giants de Stacy Peralta: un documentaire présentant un sérieux manque de rigueur qui réussirait à faire blêmir les Beach Boys…

Soyons franc: une planche de surf a beau être synonyme de sensations fortes, la plupart des êtres qui ne vivent pas au bord d’un lagon bleu lui préfèrent nettement la classique planche à repasser. Car même si elle n’est pas gage de popularité pour son propriétaire, au moins a-t-elle le mérite de lui être profitable au quotidien. Stacy Peralta doit toutefois faire partie de ces gens qui, en plus de porter des chemises éternellement froissées, n’ont pas l’habitude de faire passer l’utile avant l’agréable. Célébrité reconnue dans le monde du morceau de bois à roulettes, celui qui s’est vu attribuer le prestigieux titre de "conseiller technique en skateboard" par nul autre que Steven Spielberg lors du tournage de Hook (le crochet envoyé au nez de Peter Pan en 1991) effectue désormais un retour vers sa passion première: le chevauchement de la vague. Après le succès de Dogtown and Z-Boys, son hommage rendu aux rois de la glisse sur gravier, voici Riding Giants, un ramassis d’images et de commentaires tournant autour d’un sport extrême se pratiquant sur fond de palmiers, de colliers fleuris et de jolies filles en bikini.

Le spectateur le mieux intentionné aura du mal à déceler autre chose qu’un pêle-mêle de données jetées à la "vague comme je te pousse" dans ce documentaire qui semble constitué d’un nombre grandement restreint de prises de vues. Les curieux cherchant à apprendre quelque chose sur cette activité réservée aux dépendants des humeurs de Poséidon sortiront de la projection à la fois déçus et profondément confus. Mais qui donc sont ces Dave et Derek dont on parle comme s’ils avaient inventé la roue et étaient reconnus par la Terre entière comme étant des génies révolutionnaires?! Et ce Jerry Lopez? Outre le fait que son homonyme féminin chante et possède une belle paire de jeans, la majorité des spectateurs ne le connaissent ni d’Adam ni d’Ève. Malheureusement, cela ne semble faire ni chaud ni froid à Peralta qui enchaîne les prénoms avec une vitesse effarante et qui ne consacre aux non-initiés qu’une brève introduction intitulée "1000 ans de surf en moins de 2 minutes" que l’on pourrait tout aussi bien rebaptiser "mon bout de pellicule sacrifié aux ringards ne connaissant rien à mon sport favori". Les témoignages des divers champions qui ont fait de l’océan leur habitat naturel n’aideront pas à éclairer davantage les débutants en quête d’un savoir nouveau. Ils en retiendront uniquement que "le surf, c’est l’fun!", que "y’a des moments critiques qu’il faut éviter si on veut survivre" et que "wow, les plages sont top à Hawaï!". Ce qui, à proprement parler, ne constitue pas profonde matière à réflexion…

En voulant faire une œuvre sur son trip, Peralta a malheureusement dévié vers l’ego trip. Riding Giants est un "documentaire" qui s’adresse uniquement aux autres tenants de nombrils bronzés et bien huilés, qui considèrent Dan, Mike et compagnie comme des amis intimes et qui ne vivent que pour cette "vague vraiment trop cool, man!". Aloha!

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