5 x 2 de François Ozon : Autopsie d’une rupture
François Ozon poursuit son parcours atypique, délaissant le kitsch rose bonbon de 8 Femmes et la brillante étude de caractères à la Swimming Pool pour tracer au scalpel le portrait d’un couple.
Manon Dumais
Exercice de style clinique qui donnera froid aux romantiques, 5 x 2 de François Ozon raconte cinq épisodes marquants dans la vie d’un couple, Marion et Gilles (Valeria Bruni-Tedeschi et Stéphane Freiss). De la séparation à la rencontre. De fait, à la manière de Gaspar Noé pour Irréversible, le réalisateur de Sous le sable relate délibérément le parcours de ce couple à rebours. Cependant, à l’instar du film de Noé qui débutait par l’horreur du meurtre et du viol pour se terminer sur une note d’espoir, la venue d’un enfant, ce qui du coup rendait encore plus cruel le sort réservé aux personnages, la mécanique choisie par Ozon ne fait que souligner à quel point le couple était voué à la rupture dès le départ. Certains voudront ajouter que les couples le sont tous…
Ainsi, peu après la scène du divorce, où sont lus avec monotonie les aspects juridiques, l’on retrouve Marion et Gilles dans une morne chambre d’hôtel À l’instar du couple bergmanien de Scènes de la vie conjugale, la profondeur psychologique en moins – à vouloir donner dans l’universel, Ozon se contente de faire évoluer deux personnages peu approfondis, mais néanmoins interprétés avec sensibilité -, tous deux désirent faire l’amour une dernière fois. La scène est pénible, l’acte sexuel dépeint n’est pas loin du viol. Puis l’on retourne une première fois en arrière. Place au souper entre amis, théâtre idéal pour les révélations embarrassantes. Et elles sont nombreuses de la part de monsieur. De toute évidence, le couple vit ses dernières heures.
Quel intérêt de suivre à rebours une histoire dont on connaît l’issue? Pour découvrir l’habileté avec laquelle Ozon ponctue de menus détails les défaillances d’un couple qui semblait parfait. Ainsi, l’on revivra la naissance du fils unique, où l’on fait la connaissance des parents de Marion (Françoise Fabian et Michael Lonsdale), autre couple en chute libre, puis le mariage, cérémonie aussi protocolaire que les procédures de divorce. Décidément, on ne trouve pas une once de sentimentalisme chez Ozon, dont la froideur n’est pas sans rappeler celle d’un Chabrol. Demeurent la rencontre, placée sous un soleil rohmérien, et les ballades italiennes pour mettre un peu de chaleur humaine dans cet océan glacé.
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