Festival de Toronto : Bref retour sur Toronto
Cinéma

Festival de Toronto : Bref retour sur Toronto

Le Festival de Toronto s’est terminé le 18 septembre. Hormis l’humour et le fantastique, ce sont les films porteurs de grandes causes sociales qui se classent au palmarès.

Alors qu’on s’inquiétait la semaine dernière de l’accueil mitigé réservé aux films québécois, dont Acapulco Gold d’André Forcier, farce lourde où un hurluberlu (Michel Maillot au jeu surchargé) tente de convaincre un producteur d’Hollywood qu’il a connu Elvis Presley à Acapulco 14 ans après son décès, La Peau blanche de Daniel Roby sauve les honneurs en remportant le Prix du meilleur premier film. Une question demeure: quel sort réserveront les cinéphiles d’ici aux films québécois présentés en grande première à Toronto? Va savoir aussi ce qui pousse les cinéastes d’ici à aller se faire voir ailleurs… Il est vrai que nul n’est prophète en son pays: notez la fascination qu’exerce toujours Carole Laure auprès des Français, elle qui a réussi à présenter ses deux premiers longs métrages à la Semaine de la critique.

Deux ans après FUBAR, faux documentaire portant sur des décrocheurs "fucked up beyond all recognition", le réalisateur de Calgary Michael Dowse récidive avec It’s All Gone Pete Tong, expression signifiant que tout va de travers. S’amusant une fois de plus à brouiller le réel et la fiction, Dowse brosse avec humour le portrait d’un D.J. qui, ayant perdu l’ouïe, tentera de trouver une façon de poursuivre son métier. Qui sait si l’on verra bientôt ce Prix du meilleur film canadien?

Dans un tout autre esprit, une mention spéciale du jury a été attribuée au documentaire ScaredSacred du cinéaste de la Colombie-Britannique Velcrow Ripper, qui parcourt les endroits dévastés du monde à la recherche d’espoir. Par ailleurs, un film qui aurait mérité une mention est Yesterday, du Sud-Africain Darrell James Roodt (Sarafina!), racontant avec sobriété la touchante histoire d’une femme démunie atteinte du sida (émouvante Leleti Khumalo); ce premier long métrage tourné entièrement en langue zouloue a tout de même décroché le Prix des droits de l’homme à la Mostra de Venise.

Du côté de la fiction, Michael Moore ne se sera pas déplacé en vain puisque le film qu’il est venu défendre personnellement, un long métrage relatant le génocide du Rwanda, Hotel Rwanda de Terry George (Some Mother’s Son), dans lequel Don Cheadle trouve l’un des meilleurs rôles de sa carrière, a raflé le Prix du public. Comme quoi, entre deux clichés de stars, le public sait encore apprécier les films à caractère humanitaire. Enfin, le jury de la critique internationale (Fipresci) a remis son prix à In My Father’s Den, premier long métrage du Néo-Zélandais Brad McGann, dans lequel un correspondant de guerre (Matthew MacFayden, vu dans The Reckoning de Paul McGuigan) retourne dans son village natal pour enterrer son père.

Au dire des habitués du Festival, la cuvée 2004 n’était sans doute pas la meilleure – peu de matériel oscarisable, à l’exception de quelques performances d’acteurs dont celle de Paul Giamatti (Sideways d’Alexander Payne), de Kevin Bacon (The Woodsman de Nicole Kassel) et de l’incontournable Sean Penn (The Assassination of Richard Nixon de Niels Muller) -, mais tout de même assez savoureuse pour nous faire rêver à la 30e édition… en souhaitant fortement que l’on trouve enfin une solution de rechange au moribond festival de Losique.