Le ciel tombe : La terre tremble
Cinéma

Le ciel tombe : La terre tremble

Le ciel tombe d’Andrea et Antonio Frazzi, une histoire sur l’enfance perdue en temps de guerre.

À l’été de 1944, dans une somptueuse villa nichée dans les magnifiques paysages de la Toscane, la jeune Penny (Veronica Niccolai) et sa sœur cadette Baby (Lara Campoli) apprennent tant bien que mal à s’habituer à un environnement familial qui leur était, jusqu’à tout récemment, étranger. Ayant perdu leurs deux parents, les deux jeunes filles sont prises en charge par leur tante Katchen (Isabella Rossellini) et leur oncle Wilhem (Jeroen Krabbé), un intellectuel juif-allemand qui défend avec passion des convictions tant morales que religieuses qui auront tôt fait de lui attirer de graves ennuis. Et pourtant, la vie quotidienne suit son cours banal et sans histoire dans cette villa retirée de la violence dans laquelle est plongée l’Europe de cette époque. On se plaît (mais se plaît-on vraiment?) à être témoin des préoccupations infantiles de ces enfants pour qui la guerre est une abstraction du monde adulte.

Il est presque devenu coutume de filmer la guerre et ses dommages collatéraux en épousant le point de vue naïf et inoffensif de l’enfant. D’Allemagne année zéro de Roberto Rossellini au Tambour de Volker Schlöndorff, un même fil conducteur: l’innocence, l’inconscience et l’impuissance de l’enfance face à la démence destructrice du monde adulte. Or, si le premier film rendait avec justesse le regard contemplatif et désarmé de l’enfant, et le second, la fantasmagorie qui l’habite, Le ciel tombe (Il Cielo Cade) réussit avec peine à nous faire adhérer au point de vue de la jeune Penny, laquelle, pourtant, s’avère le foyer narratif du film. Serait-ce le manque de magie et d’émerveillement qui transforme de la sorte la contemplation en ennui? Il semble que le bucolique des paysages l’emporte sur le tragique de l’histoire, et c’est bien dommage.

Malgré tout, Le ciel tombe est une œuvre sympathique, bien qu’elle réalise un peu tard, soit une bonne heure après le début du film, qu’il y a bien un drame qui se trame sous le quotidien idyllique des enfants. On comprend le désir des réalisateurs de représenter l’insouciance des enfants face aux tragédies de l’Histoire, mais insouciance ne rime pas nécessairement avec indifférence. Le film d’Andrea et Antonio Frazzi cherche tellement à représenter le détachement de l’enfant face à la guerre qu’il manque jusqu’au chaos qui prévaut à ce moment tragique de l’Histoire. On en vient même parfois jusqu’à se demander si les tourments de la guerre constituent la véritable toile de fond de l’histoire ou bien si celle-ci s’épuise dans le caractère bucolique du paysage toscan, véritable toile de fond du film.

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