L'oubli : Mémoires d'une jeune femme dérangée
Cinéma

L’oubli : Mémoires d’une jeune femme dérangée

L’oubli de Joseph Ruben: la mémoire d’une vie entière réduite en poussière en quelques instants. Imagination, conspiration ou psychose?

Bien que le deuil ait été difficile et qu’il ait marqué votre enfance de façon indélébile, vous avez fini par accepter qu’E.T. nous ait quittés pour pédaler vers un monde meilleur. Mais pensiez-vous vraiment que personne d’autre n’aurait un jour envie de l’y rejoindre? Croupir en célibataire dans l’au-delà n’est guère digne d’un extra-terrestre! Il faut vraiment faire preuve d’une sérieuse carence d’imagination pour présumer que l’espace n’est que néant, alors que tant de mystères s’y dissimulent! Demandez à la Sécurité nationale des États-Unis: après quelques toussotements troublés, ils ne pourront faire autrement que de vous confirmer ces dires. Bien sûr, en agissant ainsi, vous les forceriez à vous bâillonner afin que jamais le secret ne franchisse vos lèvres, mais même si les mots finissaient par vous échapper, pensez-vous vraiment qu’il se trouverait quelqu’un pour croire à vos lubies? De prime abord, non. Mais si, grâce à la précieuse collaboration du gars des vues, vous tombiez sur Telly Parretta (superbe Julianne Moore), vous pourriez sans hésiter discourir sur les clauses multiples des pouvoirs surhumains de toutes sortes. Les frontières du réel, cette jeune éditrice connaît bien. Ne serait-ce que pour en avoir traversé les douanes.

Thriller, drame ou science-fiction? Le mélange auquel procède Joseph Ruben (Far From Heaven / Loin du paradis) s’applique tout d’abord au genre, mais aussi à l’ensemble des éléments qui font les hauts (et les bas) de L’oubli. Ainsi, certains effets spéciaux éclairs ne font pas que surprendre le public, ils en font aussi rigoler une partie en raison de leur côté complètement loufoque. Même son de cloche en ce qui a trait au scénario qui, après avoir fortement titillé la curiosité du spectateur, s’essouffle peu à peu, pour finir dans un dénouement qui laisse de grands vides en réponse aux questions soulevées par l’intrigue, dont la principale reste: mais qu’est-ce qui a donc poussé des acteurs de la trempe de Moore, Gary Sinise ou Dominic West à flirter avec ce type de surnaturel? On leur saura néanmoins gré de leur décision, car c’est une interprétation vigoureuse qu’ils offrent tous trois, parvenant à marier gravité, humanité et sensibilité avec une adresse qui leur est propre. Pour apprécier L’oubli, il faut donc accepter de voir certains coins tournés très ronds… sinon, ce film aura tôt fait de disparaître de votre mémoire.

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