Shark Tale : Petit poisson, gros ego
Shark Tale a bien des qualités, mais pas autant que Finding Nemo, auquel il est tentant de le comparer.
Les artisans de Dreamworks auraient-ils dû attendre que Finding Nemo, petit bijou des studios Pixar, s’efface de nos mémoires avant de mettre au monde leur rejeton Shark Tale? Poser la question, c’est y répondre, car en voyant défiler ces images aux couleurs criardes et pas toujours harmonieuses, la splendeur du monde sous-marin de Nemo nous manque cruellement. Au fait, où est passée l’eau? Alors que l’on avait le souffle coupé devant la fluidité des mouvements des créatures se mouvant dans l’eau et les effets de lumière marine, les poissons et requins de Shark Tale semblent évoluer dans un monde aride. Qui plus est, les réalisateurs Vicky Jenson, Bibo Bergeron et Rob Letterman, ce dernier étant également scénariste, ont eu la fâcheuse idée de doter leurs personnages de traits trop humains, ce qui dans certains cas s’avère amusant – qu’on pense à ces méduses rastas -, mais se révèle d’un bien mauvais goût chez d’autres protagonistes – la vamp Lola à titre d’exemple.
Une fois le choc esthétique passé, on arrive heureusement à savourer le récit plutôt amusant de Lenny (voix de Jack Black dans la version originale anglaise), requin végétarien qui se réfugie chez Oscar (voix de Will Smith), petit poisson fantasque qui se fait passer pour un tueur de requins. Rondement mené, Shark Tale s’appuie en partie sur de nombreuses références au cinéma américain. Dès l’ouverture, les requins s’amusent à poursuivre leur proie en fredonnant le thème de Jaws et l’on découvre bientôt que ceux-ci forment un clan qui n’est pas sans rappeler la mafia; ceux qui verront le film dans sa version originale noteront que Robert de Niro et Martin Scorsese y tiennent des rôles clés. D’ailleurs, c’est à se demander si les concepteurs n’ont pas misé sur le prestige de leur distribution, parmi laquelle on compte Renée Zellweger, Angelina Jolie et Peter Falk, plutôt que sur la direction artistique. Heureusement, les flashs à la culture hip-hop, les nombreux gags visuels et les quelques trouvailles originales ne se perdront pas au cours du doublage. Fourmillant de clins d’œil pour distraire les adultes, Shark Tale ravira les petits, qui y trouveront une histoire sur la tolérance et l’affirmation de soi à la sauce américaine.
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